Page:A. Belot - Les Stations de l’Amour.djvu/139

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sens, j’attirai sur ma poitrine le pauvre Adrien tout vibrant de désirs contenus ; je le remis dans la position naturelle et l’enlaçai furieusement. D’un seul coup, son dard pénétra jusqu’au fond de ma conque éperdue ; enflammé par ces longs préliminaires, il atteignit le suprême bonheur dès qu’il se sentit pressé dans cette gaine brûlante, et nous confondîmes nos âmes dans les délices infinies d’une volupté extra-humaine…

Étendu sur moi, il restait immobile, comme écrasé sous le poids d’une jouissance trop intense : de rapides frissons le secouaient tout entier, son cœur battait avec force, et je sentais dans mon cou le souffle pressé de sa respiration. Je voulus l’écarter un peu pour lui permettre de reprendre haleine ; mais il resserra son éteinte, se colla étroitement contre moi… et le vaillant jouteur, dont le membre avait gardé toute sa dureté, recommença un rapide mouvement de va-et-vient.

Ne voulant pas, cette fois, le laisser accomplir toute la besogne, j’appuyai mes mains sur ses reins, le maintins immobile et, sans laisser un seul pouce de son outil sortir de la gaine où il était plongé, je tortillai si bien mes fesses qu’un instant après l’heureux Adrien, les yeux voilés, les narines frémissantes, lançait au plus profond de mon être un nouveau jet de liqueur amoureuse. Quant à moi, j’avais joui une fois de plus… Et nous retombâmes sur le lit en désordre, anéantis, envahis par une langueur délicieuse.

Lorsque nous fûmes remis et que des ablutions répétées eurent rafraîchi nos sens momentanément satisfaits, nous recommençâmes à bavarder, la tête sur l’oreiller. J’examinai alors avec plus d’attention la physionomie expressive de mon jeune ami, et je reconnus qu’Adrien était vraiment un fort joli garçon, aux allures aristocratiques, aux traits fins et distingués : ses yeux vifs, d’une couleur gris-vert foncé, sa bouche petite et sensuelle, tout cela composait un

— 137 —