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Tu aimes trop les femmes, d’ailleurs, pour ne pas dédaigner un peu les hommes : leur contact te déplaît plutôt qu’il ne t’enivre ; c’est dans ta nature, dans tes goûts, et je ne t’en veux pas… mais de ce fait, ma pauvre amie, tu ignores le vrai plaisir aigu, foudroyant, presque douloureux, que peut verser un homme jeune et ardent dans le sein d’une femme amoureuse. Certes, un amant peut être moins habile qu’une femme dans l’art raffiné des accompagnements et des hors-d’œuvre préparatoires ; son doigté est moins savant, sa langue moins perspicace ; il lui manque la faculté de comparaison, et il ne sait pas toujours exactement où se trouve le nœud délicat qui retient ou déchaîne les écluses du plaisir. Mais crois-moi, rien ne vaut, dans un conin bien excité, cinq bons pouces de verge masculine vigoureusement maniée et aspergeant la matrice enflammée d’un jet abondant de liqueur… Là, seulement, est le vrai bonheur : tout le reste n’est qu’amusette de petites filles…

— Thérèse resta un moment silencieuse.

— Alors, dit-elle d’une voix légèrement altérée, vous allez prendre un amant…

— Qui te parle de cela ? répliquai-je… Je veux bien m’amuser un peu, mais sans me compromettre ni rendre Léo ridicule…

— Alors ?…

— Alors, voilà : après le déjeuner nous sortirons, nous prendrons le landau et nous irons d’abord à Saint-Germain faire la commission dont papa m’a chargée. Ensuite nous rentrerons à Paris par le chemin de fer, nous irons dîner au restaurant, n’importe où, et… nous tâcherons de rencontrer quelqu’un qui me plaise, soit au café-concert, soit aux Folies-Bergères. Ce serait bien étonnant qu’on ne nous adressât pas la parole ; sans nous flatter, nous valons bien autant que ces dames qui fréquentent les cafés des boulevards… Dans ces endroits-là je ne courrai pas le risque d’être re-

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