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de morale ; sans morale, il n’y a pas d’hommes ; sans hommes, il n’y a pas de patrie. »

Nous savons aujourd’hui que les grands enthousiasmes, les fois ardentes, les prédications obstinées ne suffisent pas pour agir profondément sur les individus. Notre intelligence, plus scientifique, pense qu’il est plus sûr d’agir sur les conditions de vie que sur la vie elle-même. En assurant aux classes laborieuses un logement confortable et sain, nous faisons plus pour leur relèvement matériel et moral qu’en y dispensant à pleines mains des encouragements pécuniaires et des conseils philosophiques.

Les lois de 1906 et 1908 ont déjà produit d’excellents effets. Elles sont cependant insuffisantes, et il faut aller plus loin.

Il a été question d’autoriser les communes à construire elles-mêmes des habitations ouvrières et à les mettre en location. Le Congrès aura sans doute à discuter ces suggestions. Je serais bien étonné s’il ne se prononçait pas en faveur de la libre initiative des individus contre le socialisme municipal. L’Etat commerçant, l’Etat industriel ne nous donnent guère le désir de faire connaissance avec l’Etat propriétaire. Les grands phénomènes sociaux utiles au progrès d’une nation ne se déterminent point par des méthodes arbitraires et directes ; il faut les provoquer, en suscitant l’initiative individuelle, qui est le véritable moteur de tout progrès, la manifestation la plus sûre de ce que l’on pourrait appeler l’instinct social.

Nous aurons à examiner les meilleures conditions du logement et à discuter les idées intéressantes et souvent séduisantes que l’on a préconisées : l’homme jouissant à la fois des commodités de la ville et du charme vivifiant de la nature, ne serait-ce pas l’idéal ? Telle est la conception de la « cité-jardin », rêve attrayant entre tous. Quant à présent, nous devons nous occuper non seulement de l’habitation en elle-même, mais des habitations groupées dans les villes, et généralement mal groupées, car le souci de l’hygiène, la juste conception des conditions salubres de l’existence, sont des conquêtes de l’intelligence moderne. Nos villes, généralement anciennes et mal aménagées, ont besoin d’être assainies, aérées, desserrées. Ce sont là des questions dont on se préoccupe généralement trop peu. Avant tout, il faudrait empêcher des erreurs dont nos descendants auraient à souffrir comme nous avons à pâtir de celles commises par nos pères. Pour cela, il faut pré-