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LE FIGARO — SAMEDI 4 JUIN 1927


C’ei/ ü/ori que Ton Vif cea prodiges fameux
Que les faites de» temps déroulent à nos yeux 7
L’ordre du Tout-Puissant transmis au Patriarche :
les longs et fortunés travaux do la grande arche
De ce vaste vaisseau dont le phare protecteur
devait sauver l’espoir d’un peupla agriculteur
où pour - perpétuer . la race salutaire
de tous les animaux utiles à la terre
N oc les renferma sous d’immenses parvis
deux seuls de chaque espèce accouplés cl choisis.

En vain pendant le temps quil mil à la construire
par un dernier effort, il ienta de détruire
le rempart quclcvait le vice entro son cœur
et le cœur corrompu des mortels sans pudeur ; •
en vain il s’efforça de dessiller leur vue :
la foudre, disait-il, gronde encor dans la nue ;
l’abîme est sous vos pas, il va Vous engloutir.
Mortels, icoutez-moi, laissez-vous convertir /
D’un Dieu juste et clément fléchissez la colère !
Mais tout fut sans effet r ni larmes, ni prière,
rien ne les put toucher : une sombre terreur
de leur audace impie augmentait la fureur !
reniant T Eternel,, malgré tous leurs blasphèmes
ils s’irritaient, encor de le craindre en eux-mêmes
Tant il est difficile au faible cœur humain
d’embrasser la vertu, de chérir son chemin,
ou de pouvoir jamais revenir en arrière
quand du vice il choisit la fatale carrière.

Tels l’on voit de fougueux et superbes coursiers
dédaignant la lenteur des pénibles sentiers
trompés par la douceur d’une pente rapide,
s’élancer, Blre sourds à la voix qui les guide,
ils entraînent le char r Ut courent tans effort ;
hélas ! les malheureux ! ils courent à la mort !
un abîme est au bout ; en sa folie extrême
tel est l’homme, il se plaît à s’aveugler soi-même ;
ce n’est qu’en périssant qu’il connaît son erreur
et qu’un tardif remords vient déchirer son cœur.

Eugène Hugo.


LA COLERE DU POETE

Facjt iodignalio veraum JUV.

C — Bon/düfl mpn C hfri’j-d.Ifatret, Damon, je vous
rfàkùrf P wÇv. ”* lon I Y lt I t’jd foire résolue ; [ao/ue.
La loi (vient de passer Votre fils ?... — A propos.
Mina , des insurgés veut quitter les drapeaux.
rrrVqtrf pirç P*» — Merci : Jiscs-vout la gazette p
»•* .Non, pnaix*.— je suit au fait des intrigues sécrètes.
Et voàb rien de hbuveaü J|> — Si fait, j’ai ce matin
Cariçu.A’ûL Vout PVdz fi’fe dernier Bulletin ? [rca/
Rieri’d&’piquàhl ? Mais vdùjr,’ comment vont les affai-
— De l’Etat ? Oh ! ma foi, je ne m’en mêle guère.
Pour moi, j’ai ce matin tiré de mon cerveau
Le plan d’un nouveau drame ,., — Ainsi rien de nouveau.
Serviteur/ » — L’insolent t Sa démence est trop forte,
Venir dans mon grenier m’iruu/fer de la sorte I
Puissent, pour le punir, puissent tous les journaux
Ne parler quinze jours que de drames nouveaux/
Puisse-t-il, s’il prédit qu’Alger aura la peste,
Se porter à lui-même un présage funeste,
Et pour apprendre enfin l’art d’être plus civil,
Ne savoir de deux mois ce qu’on fait au Brésil I
Hélas! il n’est Jonc plus l’heureux temps de mon père,

Où chacun dans la paix coulait ses jours prospères,
Et s’il fallait sauver sa patrie ou son roi,
Mourait, calme et serein, sans demander pourquoi ?
Alors, peu soucieux des trônes de l’Asie,
Chacun savait chez : soi vivre à sa fantaisie j
Alors jamais auteur ne vit ce que je vois,
JJn politique lourd lui disputer la voix.
Loin de tous ces hâbleurs dont le ton nous fascine,
Racine impunément pouvait être Racine ;
S’il ■ avait un Pradon, nous en avons deux cents,
El pour nous les Pradons sont les plus innocents.
Oh ! que je hais bien plus c es pesantes cervelles,
Qui dédaignent les artf pour courir les nouvelles /
Encor si les arts seuls souffraient de leurs mépris,
Mais tout, jusqu’aux vertus, dégoûte leurs esprit». :
Je n’ai plus un ami qui ne soit publiciste,
Charles eaf toujours joyeux, Dortis est toujours triste ;
Un budget, serait-il le budget des Indoux,
Leur ferait négliger les devoirs les plus doux 7
Lun songe à l’Amérique et non à sa famille <
Tel qui dote les rois ne dote pas sa fille ;
La gloire de nos jours se fait dans les salons,
Nos aïeux la cherchaient el nous la calculons,
Que Jisoie-tu de -nous, altière et sage Rome,
Qui te laissas jadis sauver par un seul homme ?
J’entends dans leurs tombeaux tes vieux héros tonner,
Sans aimer la patrie, on veut la gouverner .
Il est temps d’arrêter le poison qui circule.
Ouvrez-Vous à mes yeux, faste du ridicule.
Autrefois le premier de fanf d’originaux
Fut simple i chaque jour il lisait vingt journaux,
Il vivait de papiers, et son esprit docile
Croyait aux bulletins comme à son évangile.
Le bonhomme avait vu trois règnes engloutis,
Et se doutait déjà qu’il élail des partis,
Pouf lui, changeant d’avis en changeant de gazettes,
H voyait tout en vert sous ses vertes lunettes <
Télégraphe vivant, sans avoir rien compris ,
Il répétait toujours ce qu’il avait appris,
Jamais de aes journaux il n’omit une ligne,
D’être (u j jusqu’au bout ‘1$ tout’ lui semblait digne,
Un Matin, je te Vois, haletant, échauffé,
5 asstorr-tn murmurant dan» le coin du café s
« Je suis mort, disait-il en brisant sff besicles,
Un > journal supprimé pour deux -Tnaudit articles J >
Il n’était 1 Pas ‘méchant, cependant par état,, , u..i
Rien riê’jtïi plaisait plth’ijk’üh bel assassinat ;
Je croU^u’ilsi fût fait étrâ’rlglcr sans mot dire.
Pour plaindre après sa nioit, s’il avait pu la lire.
Jadis, d’un ministère employé circonspect,
A tout, aux garçons même, il portail du respect :
Aussi n’eslimail-il rien tant qu’un homme en place,
D’en nommer un sans titre il n’eut jamais l’audace,
Et mourut un beau soir qu’il tomba de son haut.
En Usant qu’un miniafre caf quelquefois un sot.
Ciel’ / quel spectre femelle aux yeux creux el hagards
Vient de son triste aspect effrayer mes regarda P
C’eaf la vieille Clara : médisante, bigote,
Elle est homme d’Etat et se dit patriote ;
Voulant jouer un rôle, en des temps désastreux,
Elle plaignit no» maux, meme nos malheureux.
Alors, .dan» son ménage insensible harpie,
Clara pour les blessés faisait de la charpie ;
Clara, dormant toujours sur des sommiers bouffants
Donnait à i Hôtel-Dieu les lits de ses enfants ;
Aussi tous les badauds de crier : la grande âme /
Est-il tant de Vertu dans le cœur d’une femme P
Voyez, à l’hôpital elle va tous les jours /...
Son vieux mari malade expira sans secours.
Lecteur, Vous frémissez : ce tableau vous afflige,
Dépouillez, croyez-moi, tout funeste vestige ;
Tel est d’un vain défaut le déplorable effet,
Le défaut mène au vice et le vice au forfait.
« L’article le plus sot ne fut jamais si triste I »
S’écriera Joui ù coup quelque vieux nouvelliste,
Jeune i homme, que viens-tu noua parler de forfaits ?
Sonl-ce donc. des forfaits que les plans que je fais ?
Va, tu nas point senti cette douceur secrète
De discuter la loi qu’un ministre projette,
D’inventer un beau conte, et quelques jours après,
De se le voir redire avec de nouveaux traits.
Tu vis dans ton grenier sans lire les gazettes.
Aussi ton fol orgueil nous prend pour des mazeltes.
Aucun de tes portraits n’a son original.
Va, tu ne connais pas ce que c’est qu’un journal t
A quoi mène après tout ta longue litanie ?
Je le laisse les goûts, laisse-moi ma mànic...
J’entends : monsieur voudrait quon écoutât ses Vers,
Quiconque les dédaigne a l’esprit de travers,
Pauvre fat I que m’importe ou tes vers ou ta prose I
Un budget m’intéresse et ce nest pas sans cause,
U m’apprend quel impôt il me faudra payer.
Et ton style à rhéteurs ne sert qu’à m’ennuyer I
Crois-moi, crapaud du Pinde, ou crains la Politique ;
Jjs vers sont tous mauvais, et de là je conclus
Que si je suis un fou, c’est pour les avoir lus.»
Quoi ! voua les avez lus t ô triomphe ! ô victoire /
Je veux que tout Paris soit témoin de ma gloire.
Un politique froid et plus vieux que Nestor,
Enfin a lu des vers et de mes vers encor !

V.-M. Hugo.

A Maman (1)

Lorsque, sorti de la poussière,
enfant, j’apparus sur le seuil ,
de cette orageuse carrière, ... .. „ .
où chacun porte son orgueil,
où chacun traîne sa misère,
et, détournant les yeux sur la céleste sphère.
Tâche toujours d’être ce qu’il n’est pas ;
Tout ébloui de la vive lumière ... .
des fausses grandeurs de la ‘terre.
Je chancelai, dans l’ombre du trépas.
J’allai rentrer, sans la main salutaire / v
Ce fut foi, mère aimante et chère, -
Toi qui soutins mes premiers pas
dans cette vie errante et passagère.
Toi qui m’appris que les biens d’ici-bas
sont plus fragiles que le verre,
que pour l’homme de bien le vice a peu d’appas,
et que la vertu seule a le droit de lui plaire.

Maintenant s’offre à mes regarda,
Le temple heureux du génie et des arts,
Daigne m’y garder, ô ma mère, »
Ce n’est qu’à loi que fose avoir recours,
de les sages avis prête-moi le secours,
et, bientôt le front ceint du Laurier tutélaire,
J’entrerai glorieux au fond du sanctuaire.

O maman, daigne donc sur ces faibles essais
Jeter indulgemment un regard peu sévère,
les enfants de ton fils, maman, accueille-les
avec le sourire d’une mère !
Mais que dis-je ? exhalant sa jalouse colère,
Maint rimear à ta mode vient d’enfler ses sifflets.
€ Eh -quoi/ jeune insensé ! ta muse téméraire
Veut suivre parmi nous la mute auguste el fière
et des Racine el des Voltaire,
Ces demi-dieux du Théâtre français,
et la présomption espère
des louanges et des succès /
Va, va, délrompe-toi, crains-nous, crains le Parterre I.
de Ion orgueil ’ «ou/ VàtiïÜ’orfà l’excès.

Zftiles faux el vils/ votre rage impuissante
Vos minâtes, lôs crié he. ’ ln épouvantent pasY
c’est pour ma mire que je chante,
de votre vain courroux je crains peu les éclats.
Si j’espère que d’un sourire,
Ma mère accueillera le fruit de mes travaux,
Je sais aussi, je sais, messieurs, quen l’art d’écrire,
Toujours vous vous hâtez d’exclure et de proscrire
Ceux que vous craignez pour rivaux.
Mais vais-je donc, dans l’ardeur qui m’inspire,
A mon emportement donner un libre cours ?
Vais-je contre ces faits écrire une satire ?...
Non, non, pour me venger, je veux Us laisser dire.
Ils sont assez punis par leur propre discours.

Je reviens à toi, tendre mère,
A loi qui m’élevas, à toi qui me nourris.
Daigne, daigne accepter cette offrande légère
de l’un de tes enfants chéris.
Trop payé ai tu lui souris t

L’autre jour, en errant sur les bords cTHippocrcnc,
en parcourant l’empire d Apollon,
Je ramassai, guidé par Melpomène,
quelques fleurs du sacré vallon.
Ce ne sont pas de ces fleurs immortelles,
dont Racine sc pare au céleste banquet,
Ce sont des fleurs simples et naturelles.
Comme mon cœur, A/aman, je l’en offre un bouquet.

Le 31 décembre 181$,.

WM.’ Hugo.

STANCES


Sachons, sachons, ô ma Silvie,
Jouir de chacun de nos jours,
Et traverser gaîment la vie
Parlés sur l’aile des amours !

Fier du vain nom de la sagesse,
Qu’un autre en son orgueil altier,
Cache un front rongé de tristesse
Sous ses couronnes de laurier !

Que des Déesses de mémoire
Les suivants s’estiment entr’eux ;
Laissons-leur l’erreur de la gloire.
Et s’ils sont grands, soyons heureux !

Quand sur un trône de fougère,
De l’amour vantant les douceurs.
Je chante aux pieds de ma bergère
Qui sur mon front tresse des fleurs ;

Vois ce malheureux qu’on admire,
Armé d’un œil indifférent.
Il noua insulte d’un sourire.
Et se détourne en soupirant.

Heureux qui sait, ô ma Silvie,
Jouir de chacun de ses jours.
Et traverser gaîment la vie
Porté sur l’aile dès amours !

Eugène Hugo.

Lu au Bouquet Littéraire, à la séance du 1er novembre 1818.


Quelques notes sur Abel Hugo ; CHOSES ET GENS DE LETTRES M. le marquis dé Montferrier a bien voulu nous communiquer les curieuses précisions suivantes sur le frère aîné du grand poète ; - . - -■ . - - . ^

. Le père du général Hugo, grand-père de Victor Hugo, s’appelait Joseph Hugo, né le 7 juin 1719, à Rouvres. 11 fut d’abord militaire : cornette dans un régiment de chevau-légers. Les « cornettes » étaient les. officiers qui portaient l’étendard de, chaque compagnie, aux couleurs du capitaine, avec un : grade, intermédiaire entre adjudant et sous-lieutenant. Joseph Hugo quitta le service et s’installa à Nancy, et on le trouve, en 1767, propriétaire d’une maison qu’il habitait, au n° no de la rue Ville-Vieille (aujourd’hui n° 7). H avait acheté l’entreprise avec privilège du. commerce de bois flotté, syr là Moselle, -et c’est : en . .raison de ce- commerce de bois servant à la construction qu’il fut «dur nommé « maître.-mcnuisier- *, car ce genre dè commerce entrait dans la juridiction de la « corporation des menuisiers-charpentiers. >. 11 avait une situation très aisée et fit. donner à ses enfants . une éducation soignée, ainsi que le montrent les lettres et documents qui proviennent de ses trois fils : le général Léopold-Sigisbert, père de Victor Hugo ; le général Louis- Joseph, mort à Tulle, et François-Juste, commandant-major, chevalier de Saint-Louis et de la Légion d’honneur. Le général Sigisbert faisait des vers, comme on verra plus loin. Il a laissé des Mémoires intéressants, et on sait qu’il surveillait et encourageait les premiers travaux littéraires de ses fils. Outre les trois fils, Joseph Hugo eut deux filles : Julie, qui entra dans les ordres, et Victoire, qui épousa Nicolas Werquien, membre de la magistrature en Luxembourg et président du tribunal de Lubeck.

’ A l’époque où le général Sigisbert Hugo était maréchal du palais du roi Joseph en Espagne, son fils Abel fut nommé, en 1811, page du roi Joseph ; puis, en 1813, sous-lîcutcnant attaché à l’état-major ; en 1814, lieutenant au service de France (sic), sortant du service d’Espagne. Il fit la campagne de Valence en 1812, dp Salamanque en 1813, de Vittoria dans la même année, et prit part à toutes les batailles de cca campagnei, "itotlrfnment ;. à n ’C©fleSde Salamanque et de Vittoria : En 181-3, il fut : incorporé dans les < Volontaires royaux cheval, puis en. demi-solde et. enfin licencié ’en 1816. jj épousa Julie du Vidal de Montferricr le «19 décembre 1827, un an avant la mort de ion père.

Ayant quitté la carrière militaire, il s’adonna aux lettres et à l’économie politique. La gloire de son frère Victor a fait oublier assez injustement les mérites d’Abel Hugo II eut des idées tout à fait neuves, pour son temps, sur la presse et les publications périodiques, et il fut novateur sur beaucoup de points. Ses études consacrées à l’Espagne : le Génie du Théâtre espagnol, le Romancero del Rodrigo, les Romances historiques, préparèrent l’avènement de l’école romantique et curent une influence très marquée sur les lettres de l’époque et même sur Vjctor-Hugo. Son Histoire de la Campagne d’Espagne fut le premier essai d’un livre illustré, comme nous en avons eu depuis. Les gravures étaient de Couché fils. En 1833, il publia une Histoire populaire àe Napoléon et une encyclopédie appelée la France pittoresque , pleine de très intéressants aperçus. C’est lui qui, en 1821, fonda V Etoile, qui fut le premier journal du soir, et plus tard, le Moniteur parisien. La presse périodique à bon marché avait été prévue et projetée par cet esprit actif et inventif. Mais son activité s’attad’Uà âutfl kux qùcsUbni’ , étbnonii^ùcs. Il pu- l Les mystères de la rue de Grenelle ’ ^ : L ,1 (SVITE)

.Je signalais ici, il y a quelque temps, lé mystère qui planait sur les séances de la Commission, instituée, en janvier dernier, au ministère de l’Instruction publique, pour dresser le statut des écrivains. Depuis cinq mois qu’elle opère, non seulement elle n’a jamais honoré la plèbe littéraire du moindre communiqué sur ses travaux, mais à toutes les questions, requêtes, suggestions du dehors, elle n’a cessé d’opposer la surdité et le silence. Que dissimulaient ces façon $j.à la fois altières et cachottières ? Une lettre que je reçois de M. F. Coppicr nous ouvre, là-dessus, d’étranges échappées.

Vous vous rappelez que M. Coppier est l’inventeur d’un procédé de contrôle des tirages de librairie, par voie d’entête filigrane. J’avais conseillé à l’ingénieux artiste de soumettre son procédé à la Commission de la rue de Grenelle, persuadé qu’elle l’adopterait d’emblée. Or, voici ce que m’écrit M Coppier :

« J’estime que la Commission du ministère de l’Instruction publique n’est qu’un mythe ; car, ayunt passé une journée à la recherche d’un secrétaire (ou autrë fonctionnaire en titre) de cette Comnllssion-fantôme, je n’ai pu obtenir d’autres précisions que celle-ci : il a été question, en effet, d’une Commission présidée par M. Ilerriot. S’est-elle réunie jusqu’ici ? Peut-être ? Mais pas pour cet objet ni pour s’occuper des arts et des lettres. Esl-cc la même qui s’est occupée du dégrèvement ? Nul n’en sait rien. »

Certes je n’ignore pas — et je l’ai assez répété — que le ministère de l’Instruction publique n’est pas le ministère des Lettres, mais uniquément celui des professeurs. Cependant, si l’accueil fait a M. Coppier par les subordonnés de M. Hcrriot’tiMl’f nous surprendre, il n’en cs^ pas de même de leurs répon- ^Les’bu’reàux’àc’ la rùe ^de’ Grenelle auraient-ils dit vrai ? Serait-il exact que la fameuse Commission ou n’a jamais fonctionné ou fonctionne d’une manière si intermittente et si vague que les gens mêmes de la maison semblent douter de son existence ? Voilà qui expliquerait le singulier mutisme de la Commission depuis cinq mois. Mais voilà aussi qui vaudrait d’être tiré au clair. Fernand Vandérem.

pli mon existence. Puis-je tromper à ce point ? Puis-je persuader que je suis sincère ? Un seul moyen me reste : c’est d’y renoncer réellement, d’implorer le secours de Dieu et de lui promettre d’abjurer cet amour qui a trop occupé ma vie.

Hortense. -

IMPROMPTU

Pour s’excuser de n’assister point à un dîner, l’auteur étant retenu à la chambre par un « coup d’air » sur l’œil, comme parlent les bonnes gens. PAGES INEDITES

La Reine Hortense

et M. de Flahaut

LA RUPTURE

La librairie Plon fera paraître prochainement le troisième et dernier volume des Mémoires de la Itelnc Hortense publies par le prince Nùpoléon.

’ Nom en extrayons ces pages, jusqii’ù présent inédites, dans lesquelles la Reine, blia des 1 études très intéressantes’ sur les périt/ i f réfugiée à Constance, conte les dernières dis d’abohdtinee èt dé dWWfc.Wtt’cultürt dü f e A mélancoliques heures de sa liaison avec k > « m** t . I I I# «i • L’ImLmiiI «ata/ a I m a a» ta «t. / J ai.aiJn ijiTioura

1. " * : ( • ’

Eugène Hugo

Lu au Bouquet Littéraire, à la »éanc« du 1" vembre 1810.

no-

LA MORT DU GENERAL HUGO

M. le marquis de Montferricr a retrouvé dans ses papiers de famille le faire-part de la mort du comte Joseph-Léopold-Sigisbert Hugo, père de Victor Hugo.

Voici ce curieux document : *

M.

’ Madame la Comtesse Hugo, Monsieur le Comte et Madame la Cortitcssc Abel Hugo, Monsieur le Vicomte Eugène Hugo, Monsieur le Baron et Madame la Baronne Victor Hugo, Madame veuve Martin, Monsieur le Colonel Chevalier Louis Hugo, Monsieur le Major Francis Hugo, Mesdames Louis et Francis Hugo, Monsieur et Madame Adolphe Frébuchet. Ont V, honneur, de vous faire part de la perte douloureuse fju’ils viennent de faire dans la personne de Monsieur le Comte Joseph-L êopotd-S igiib ett H ùgo, Lieutenant général des armées du Roi, Chevalier de l’Ordre royal et militaire de Saint-Louis, Officier de l’Ordre royal de la Légion d’honneur, Commandeur et Dignitaire de plusieurs Ordres étrangers. un des Administrateurs de la Société d’avances mutuelles sur garanties, Membre du Comité de l’Association paternelle des Chevaliers de Sainl-Louis ; leur mari, j)ère, beau-père, frère, beau-frère et oncle, décédé à Paris le 29 janvier 1828 .

(1) Dédicace d ’lrtamène, tragédie en cinq actes et en vers, commencée le 17 juillet 1816, achevée le 14 décembre 1810, par Victor Hugo. blé en France et sur la colonisation de l’Algl rie, qu’il avait parcourue à la suite du maréchal Bugeaud, qu’il avait connu en Espagne. Notons en passant que le roi d’Espagne avait conféré au général Hugo les titres de marquis de Sequenza et duc de Collogudo, qu’il n’a jamais portés. s ‘ * • -,

Julie de Vidal de Montferrier, qu’Abel Hugo épousa en 1827, appartenait à une ancienne fa^’ mille du Vivarais et du Languedoc, qui a joué un rôle dans l’histoire de cette province et lui a fourni plusieurs syndics généraux. C’est ch faveur de l’un d’eux que les fiefs de Montferrier et de Baillarguet furent érigés en marquisat, par lettres patentes royales, en 1703. Julie avait un frère plus jeune qu’elle, Armand, qui était lieutenant aux gardes du corps du Roi, compagnie du duc d’Havré, et une sœur, Zçc, qui épousa le baron Louis, lequel, entre d’abord dans la diplomatie avec l’ambassadeur Sainte-Aulairc, quitta ensuite la carrière pour s’adonner avec éclat aux sciences médicales. Voici ce : que la duchesse d’Abrantès, dans scs Mémoires, écrit de l’aïeul de Julie « L’année suivante. 1(1786), ia province du Languedoc eut . à regretter son syndic général, le marquis do Mont-’ ferrier. La Science et les Arts le pleurèrent également. M. de Montferrier était un de ces hommes qui deviennent’ pins rares de généra-’ ; tiens n générations. CCS belles fij^ircs-là i 11c s’aperçoivent plus que dans l’ombre* du passé ; ce n’est, plus qu’une tradition. M. de .Montferricr s’occupait non seulement du bien-être de ses administrés, mais de tout ce qui pouvait embellir la province, et Son nom reste attaché à toutes les belles œuvres. >

Julie avait personnellement une haute, valeur intellectuelle et morale, ; elle possédait aussi un très beau talent de peinture, qui lui valut une médaille au Salon de 1823. Victor Hugo, qui l’avait connue jeune fille et l’appréciait grandement, lui écrivait le 24 juin 1824 : « Vos rares et aimables lettres nous causent à tous, mademoiselle, un vif plaisir, et je désire que vous soyez convaincue que personne n’apprécie plus que moi la belle âme et l’excellent cœur qui en dictent les moindres expressions. Je vous retrouve dans vos lettres telles que vous êtes : pleine de générosité, d’imagination et de rai-, son, supérieure aux choses comme aux hommes et rehaussant des qualités déjà si cultivées par ce charme de naturel ét de simplicité qu’est U ; véritable modestie. Permettez-moî d’épancher ici un peu librement tha haute estime pour vous ; mon Adèle vous exprimera mieux que moi notre tendre attacheménL » j ; De ce mariage avec le comte Abel Hugo, naquirent deux fils : Jules Hugo, -entré dans les ordres, prêtre de Sion, mort en 1863 et inhuméà Saint-Louis des Français, à ; Rome, et Léopold Hugo, mort ’en 1895, qui a laissé le so‘ù* vcWir d’i/n esprit ’brillant et original et a fatU de curieux travaux scientifiques. Voici, à titre de curiosité, des veys du gô-, néral Hugo, adressés en remerciements sur ses services :

Tes vers harmonieux, enfants de la belle âme, ’
Ont peint ton noble cœur et Je ffu gui f enflamme :
Ils ont chanté , poire . Roi,
C’est à Lui qu’ils devaient l’Encens que tu me donnes,
Je te le rends, tu me pardonnes.
Tes tendres sentiments sont bien assez pour moi.

Ce n’est _pas, évidemment, un chef-d’œuvre, mais bien des militaires n’en ont jamais fait autant. Peut-être les critiques n’ont-ils pas suffisamment fait ressortir ri’influence que les goûts littéraires du général Hugo et les années d’enfance passées en Espagne ont eue sur la formation- du génie de Victor Hugo. M. de Flahaut qui, de son côté, résidait en Angleterre où il n’allait pas tarder à sc marier.

Fidèle à ses dernières promesses, M. de Flahaut v.m’instruisuit exactement des moindres détails de sa vie. Il avait plu à une jeune personne riche, indé-I iendante, remplie de qualités et de taents. Il était touché de l’intérêt qu’elle lui montrait, mais ne songeait qu’à venir me rejoindre et sollicitait son passeport. On sc sait pas ce qu’on demande en exigeant toute la vérité. Celte confidence porta au comble le trouble qui m’agitait. Il pouvait être heureux loin de moi, faire un mariage avantageux et je devenais un obstacle à . son bonheur ! Quelle triste perspective ! Si, cependant, je consultais son cœur ? Il ne dit pas encore qu’il aime ; au contraire il m’assure de son attachement ; se trompe-t-il lui-même ? C’est ce qu’il faut découvrir. Je lui écrivis de 11’éeouter que ses sentiments et de ne suivre que ses intérêts. Il inc répondit que le plus cher de tous pour lui était de ine consacrer sa Vie, et, cependant, en atndant la permission de partir, il fit .un voyage eu Ecosse . pqur pp rapprotcher. de la personne qui lui.Jémoignait de l’affection. J !étuis attentive a chaque nuance. Je redoutais tant d’être abusée par mon cœur ! De retour à Londres ; il m’ahnonça qu’on lui faisait de nouvelles difficultés et me pria de lui obtenir un passeport de la Bavière. Mon frère, que je chargeai de le demander, répondit qu’un Français devait s’adresser à son gouvernement pour en avoir un et le faire viser ensuite par l’ambassadeur du pays où il voulait aller, chose d’usage et que presque jamais on ne refusait ; que, néanmoins, si, après toutes ces démarches, on n’en obtenait pas, il tenterait d’en faire accorder. J’envoyai cette réponse à M. de Flglmut et je ne reçus que l’exf iression do nouveaux regrets, avec ’assurance que les mêmes obstacles subsistaient toujours, mais pas un mot pour réitérer sa demande en Bavière. Au contraire, sa lettre se terminait par cette phrase’ t Mes amis ici croient (lue j’aurais grand tort de m’éloigner dans ce moment ». Ce peu de mot fixa toutes mes incertitudes. Loin de combattre les difficultés, il s’y soumet ; il 11’aime pas assez pour -que ma tendresse lui tienne lieu de tout. Cette

réünion, je le vois, serait un sacrifice

qu’H est digne de me faire, mais que je suis digne aussi de refuser. Il sera encore heureux par moi. Mon pàrti est irrévocable, puisque, moi seule, je vais souffrir ; mais où trouver le courage nécessaire pour renoncer au seul bien qui nous reste ? Quelle que soit l’énergie de lïime, il faut ployer enfin. Il est un terme à tout et ce terme, je croyais jr toucher. Je m’abusais pourtant, puisoue j’étais ranimée par le sacrifice même que je m’imposais. La passion dont mon cœur était plein semblait s’accroître au milieu des efforts que je faisais pour l’étouffer. J’étais sans cesse forcée .d’en, mesurer l’étendue et je m’effrayais de tout ce que j’y découvrais. Qui m’aidera, qui me soutiendra dans cette lutte contre moi-Les Cahiers d’Occidcnt,. - que dirigent avec tant d’intelligence MM. Gérard de Catalogne et Emile Dufour, - fêtaient, il y a quelques jours, au cours d’un banquet, M. Henri Mattis. . .

M. Tristan Derème, empêché d’assister à ce diner, a envoyé ses excuses et ses regrets sous forme de cet impromptu en vers dont nos lecteurs goûteront la spirituelle fantaisie.

Las ! mes destins sont lamentables l
Près de Vous que ne suis-je assis,
Ce soir, mon cher Henri Massis,
Moi qui me plais aux belles tables
Comme aux propos de /’amitié.
Ne plaignez Derème à moitié
Mais lui donnez de bonnes larmes.
Le sort ainsi voyant vos pleurs
Voudra penser à mes malheurs
Et peut-être jeter les armes.

Pourtant faurais quelque remord
Que l’on me crût à demi mort,
Et cet exorde est bien funèbre
Lorsque Ton songe que Tristan
Du monde encore est habitant
Et n’a qu’un œil en la ténèbre.

Mon cher Massis, imaginez
Qu’en haut, à droite de mon nez
Zcphir a blessé ma paupière.
Chaque cil me devient fardeau
Et fai dû nouer un bandeau
Pour m’abriter de la lumière.

Un bandeau L. J’ai Voir de V enfant
Qu’on voit des hommes triomphant , .
Et cest Amour que je veux dire. .
Je le dis, mais n’en croyez’ rien /’
Le bel enfant aérien
Me voyant ne saurait que rire.

Avouez qu’il aurait raison ;
Mes jours ont passé la saison
Où roucoulent les tourterelles ;
Et je suis mu/, inconsolé,
Le cœur morose el l’œil enflé.
Loin de la table el loin des belles.

Daigne Bacchus en son cellier
Découvrir un vieille amphore
Qui me sache aux songes lier
Jusqu’aux lumières de l’aurore !
Mais hélas I Bacchus est-il doux
Quand on est tout seul à le boire ?...
Ah I que ne suis- je près de vous /
L’onde chante dans la bouilloire.
Près de vous que ne suis-je assis,
Ce soir, mon cher He.iri Massis,
Au lieu de baigner ma paupière
Et de passer la nuit entière,
Rimant des vers de mirliton,
Entre l’eau chaude et le coton.

Tristan Derème.

DEUX ANS APRES

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r*-*

A trente ans, ayant achevé son œuvre, il abandonnait les lettres pour étudier l’histoire des lettres. Certains le représentèrent alors comme un paresseux !

Cloîtré dans sa maison austère, 

il ne cessait cependant de travailler, recevant peu, employant tout son temps à lire et à écrire. Gomme Balzac avait usé sa vie en la décuplant sous le stimulant du café, Pierre Louys sc suicidait lentement en se refusant au sommeil. Les derniers mois de sa vie, il ne consentit, en effet, à dormir qu’une heure par jour ! Cependant il ne publiait rien. Pour le monde, sa mort ne même ? I ! îaut écrire que je n’airae plus, remontait-elle pas au lendemain de la Le Soiivenir de Pierre Louys

Qu’Aphrodite, pour un jour, cntr’ou* vrc ses voiles hyacinthe et veuille s’incliner, le visage nu, à la manière antique, devant lu petite tombe du cimetière Montparnasse où, depuis deux ans déjà, repose son immortel poète ! Qu’elle écarte, de son geste divin, les herbes folles et les fleurs fanées qui recouvrent la dalle de la jonchée du printemps, pour que la passante, attardée <jans ses souvenirs, puisse déchiffrer sur le granit le nom d’un des plus purs artistes de ce temps, de tous les temps peut-être : Pierre Louys !

Le 5 juin 1925 , à midi, heure qu’il avait depuis longtemps choisie pour son sommeil, Pierre Louys s’éteignait simplement, dans cette grande chambre vide, aux rideaux tirés, où le seul luxe qu’il admit était une couple d’estampes japonaises et quelques livres privilégiés, disposés sur un meuble à étagères, derrière un sofa. Sur la cheminée, une pendulette blanche égrena timidement l’âge du jour et, indifférente au drame qu’elle venait ; d’fnrçgistrett à jamais dans la mémoire .nôs. ;hommes, poursuivait sa course jnétliodique. Pas un ami, parmi les plus aimés, n’avait été convié au douloureux honneur de recueillir le dernier souffle de Pierre Louvs, ni son ultime pensée. Comme si, depuis longtemps, il s’était noblement préparé à subir cette minute suprême où, frémissante, l’âme d’un poète s’évade, il lui sourit une dernière fois et ses paupières glissèrent lentement sur son regard obscurci. Dans les arbres du hameau de Boulainvilliérs, les oiseaux continuèrent toute la journée leurs jacasscrics striduleuses. Seuls, les chats familiers du maître, gravement réunis dans la bibliothèque, s’étonnèrent, lorsque le soir noircit les vitres, de ne point entendre sa toux courte et plaintive qui, d’ordinaire, leur annonçait son réveil. Pierre Louys, la tête renversée sur l’oreiller creux, la barbe longue et broussailleuse, le nez légèrement pincé, avait Cédé, à bout de forces, aux attaques incessantes de la maladie. Ce farouche solitaire qui, pour lui seul, et au mépris de sa santé défaillante, avait tout appris au cours de ses vingt années de réclusion volontaire, s’éloignait de nous sans -tapage, sans publicité, peut-être aussi sans regret^ Dans la mort comme dans la vie, lé silence se faisait autour de l’homme : Silence. Solitude. Fierté !

que, qui est bien le plus émouvant de$ testaments ?

L’artiste qui s’était refusé à écrire pour gagner sa vie et qui vécut fièrement pauvre, pouvait-il dans son désir de répondre à notre admiration, nous laisser un plus bel héritage ? Car s’il a, avec un art sans égal, réveillé les aimables fantômes des dieux païens, s’il a immortalisé la magnifique passion d’une Chrysis ou les poèmes mystiques et délicats de Bilitis ; si, rêvant sans cesse à l’héroïne madrilène de Bizet, dont il aimait à chanter à son orgue les phrases impérissables, il a défini le caractère atrocement féminin d’une Concha Pcrez ; et si, par raillerie, il s’est plu à nous promener, au gré de sa fantaisie, dans les terres bibliques du roi Pausole, son œuvre capitale, celle qu’il écrivit avec amour, pour une poignée d’amis, la seule qui justifiait pleinement, selon lui, les « , mérites que le monde voulait bien lui reconnaître », est cette sublime Poétifjlïc, œuvre d’une vingtaine de feuillets qui restera sans doute un des plus beaux poèmes en Î irose, un des plus virils et des plus iers de la littérature française. Chaque f »hrase, chaque mot y attestent le génie e plus clairvoyant el provoquent notre méditation !

Poète, évangéliste d’une déesse intime, transfigurez-vous par la nuit. . . Ecrivez à l’écart. Signez. Rentrez dans l’ombre.

Le Verbe seul est illustre.

Fermez vous-même à la gloire la porte de votre maison. Silence autour de l’homme. Solitude. Fierté.

Mais la fierté ! Jurez qu’elle vous est chère. Jurez qu’elle est incorruptible, qu’elle vous arme pour jamais contre la misère, l’amour et la mort ; que vous n’écrirez pas un vers sans le lui donner eu. garde. avec le respect de votre œuvre ; ef qu’elle grandit comme votre joie de la lyre, lorsque le rayonnement fraternel des arts fulgure des quatre horizons, — où flammes, flammèches, phosphorescences, éclairs, fumerolles . et splendeurs — tout est sacré. •idinoq ; /awn yng ; .< • . If.doÿpJ M„,

Tout çst sàéW’f t’œiivrc ciiWévp de Pierre Louys, Hommes, flammèches, phosphpre^enccs, que d’aifciyis appellent hype quelque mépris « fonds de tiroirs >», sc compose, justement d’mnoinbrubles notes qti’lL chtasshlUsaiŸs^rdrc, à la manière de KÎWvôl, /nbtànl’M jour le jour ses pènàécs et lèS réunissant dans des sacs, et qui serviront un jour, si l’on se décide enfin à publier une édition complète de ses œuvres, à reconstituer l’histoire prodigieuse de sa longue rêverie.

En deux ans, de ses œuvres posthumes, seul son Journal intime a vu le jour. L’oubli commence son travail patient. Le Manuscrit autographe vient de faire paraître une précieuse édition dé Psyché. Il faut en outre souhaiter que certains éditeurs qui peuvent invo-Î uer des droits legaux (car Pierre ouys dans son imprudence leur avait f arcillcmenr confié son manuscrit de sgché) à se mettre d’accord pour publier enfin ce roman dont Claude Farrère affirme que c’est le plus beau livre qu’on ait écrit ? Pierre Louys, d’ailleurs, l’avait à peu près achevé lorsque parut Le Château de la Belle au Bois dormant, de Pierre Loti. U s’aperçut qu’une certaine analogie existait entre ces deux ouvrages. Par un scrupule difficile à comprendre aujoip ;d ;hiit. il enfçrma le. manuscrit inachevé de Psl/ché et s’ef-’ fôrça jusqu’à sa’ mort de l’oublier. Il écrivit de nombreux poèmes dont la plupart sont encore inédits, et qui sont dignes qu’on les connaisse. , ,

VS

Aujourd’hui, autour de la petite tombe du cimetière Montparnasse, à deux pas do l’enclos où repose le génial poète des Fleurs du Mal, nul ne viendra prononcer les discours d’usage ni se recueillir l’instant d’une larme. Personne ? Peut-être, ignorant que pour la deuxième fois sur ce tombeuu tout neuf, les quatre saisons se sont apjiesanties, une jeune femme s’arrêtera. Elle évoquera, en rougissant un peu, les pages immortelles d’Aphrodite ou de Bilitis et, ainsi, sans le savoir, elle aura exaucé le vœu de l’écrivain qui, dès l’âge de dix-huit ans, souhaitait qu’un jour ses œuvres ... soient aimées et chéries

Par quelque jeune fille au sourire charmant Qui le lise en cachette et l’embrasse en pleurant, R. Cardinne-Peiit.

I* I Jisq oîliiiutii .

Lectures françaises

’ ' — ■ ’

— QUEL QUES R EVUES ; -

Avec une sorte d’adiarnement, l’histoire littéraire, depuis quelque vingl-cinq ans, s’est mise à jouer au jeu des petits papiers. On a blàiné sa curiosité impitoyable qui extrait des tiroirs les plus secrets et des « caches » les plus imprévues, mille documents de nature à mieux éclairer l’âme et la vie quotidien- ’ nés des écrivains illustres. Cette curiosité, pourtant, a bien des charmes : sans elle connaîtrions-nous les grands hommes dans l’humble vérité des soucis parmi lesquels, souvent, ils ont forgé leurs œuvres ?

DE VICTOR HUGO A FLAUBERT

j Bien des documents de cette nature nous ont ouvert déjà l’âme de Victor Hugo, pendant les glorieuses et cruelles années de son exil. Dans sa solitude obstinée, il redoutait qu’on l’oubliât ; il s’appliquait, de loin, à se faire aimer ; il entretenait, avec une bonne grâce souriante, les sympathies qui, de France, sotfraient pieusement à lui. Celle de Flaubert lui vint ainsi, à travers les flots, par l’intermédiaire de J-ouise Colet. Inconnu encore, le futur auteur de Madame Bovary transmutait de Rouen jusqu’en Angleterre^ polir dépister la ) police impériale, les lettres que ’ son amie lançait vers Victor Hugo ; et il y joignait, presque chaque fois, le témoignage d’une admiration proche de l’idolatrie. Car Flaubert, en vérité, fut l’un des premiers « hugolàtres ». Victor Hugo lui répondait avec une gentillesse presque caressante ; M. Conar.d a public déjà quelques-uns de ses billets ; en voici toute une liasse encore que M. Antoine Albalat a decouverte parmi les papiers personnels de Flaubert que lui a communiqués Mme Franklin-Grout ; il donne les plus intéressants dans la Revue Mondiale. Savait-on que Flau- bert connut les Châtiments, presque pièce à pièce, pendant qu’ils s’imprimaient ?

Victor Hugo tint à lui faire 

meme, j : .aui ecnre que je n aime pius, remontait-elle pas au lendemain de la I parvenir les épreuves de Quelques noèque je renonce au sentiment qui a rem - 1 mise en vente de son inimitable Poèii- mes essentiels, crainte que la censure censure