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courage qu’il faut en attribuer la cause, qu’à l’épouvante que le bruit excessif de ses armes jeta dans les rangs de la cavalerie ennemie.

Je termine ce discours en concluant que l’artillerie est utile dans une armée lorsqu’elle se mêle à l’antique courage, mais que rien n’est plus inutile lorsqu’elle se trouve dans une armée sans courage, qu’attaque un ennemi valeureux.



CHAPITRE XVIII.


L’autorité des Romains et l’exemple de l’ancienne discipline militaire doivent faire accorder plus d’estime à l’infanterie qu’à la cavalerie.


On peut évidemment prouver, par une foule de raisons et d’exemples, que les Romains, dans toutes leurs opérations militaires, faisaient plus de cas de leur infanterie que de leur cavalerie, et que c’est sur la première qu’ils fondaient tout l’emploi de leurs forces. Mille exemples viennent à l’appui de cette assertion, et particulièrement la conduite qu’ils tinrent à la bataille livrée aux Latins dans les environs du lac Regillus. Déjà les Romains commençaient à ployer lorsque, pour secourir les leurs, ils firent mettre pied à terre à la cavalerie, et par ce moyen, ayant recommencé le combat, ils remportèrent la victoire. Il est donc manifeste que les Romains avaient plus de confiance dans leurs soldats, lorsqu’ils étaient à pied, que quand ils combattaient à cheval. Ils employèrent le même moyen dans beaucoup d’autres batailles, et ils trouvèrent, dans tous leurs plus grands dangers, que c’était un excellent remède.

Qu’on ne m’oppose pas le mot d’Annibal, qui, à la bataille de Cannes, s’apercevant que les consuls avaient