Page:Œuvres politiques de Machiavel.djvu/364

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans le cours de cette guerre, eussent quelquefois triomphé, ils finirent cependant par succomber ; la sagesse de Sparte et le courage de ses soldats l’emportèrent sur l’industrie et les trésors d’Athènes.

Mais, sur ce point, l’opinion de Tite-Live est du plus grand poids, lorsque, examinant si Alexandre le Grand, en venant en Italie, eût vaincu les Romains, il démontre que trois choses sont essentielles à la guerre : des troupes braves et nombreuses, des généraux expérimentés, et une fortune propice. Il examine ensuite lesquels des Romains ou d’Alexandre possédaient un plus grand nombre de ces avantages, et il conclut sans dire un mot de l’argent.

Lorsque les Campaniens furent suppliés par les Sidicins de prendre les armes en leur faveur contre les Samnites, ils mesurèrent sans doute leur puissance à leurs richesses et non à la force de leurs soldats ; car, après avoir pris le parti de les secourir, ils furent contraints, pour échapper à une ruine totale, de devenir, après deux défaites, les tributaires de Rome.



CHAPITRE XI.


Qu’il est imprudent de s’allier avec un prince qui a plus de réputation que de forces réelles.


Tite-Live, voulant mettre dans tout son jour l’erreur qu’avaient commise les Sidicins en comptant sur l’appui des Campaniens, et celle de ces derniers en croyant pouvoir les défendre, ne pouvait s’exprimer en termes plus énergiques qu’en disant : Campani magis nomen in auxilium Sidicinorum, quam vires ad praesidium attulerunt. Cet exemple prouve que les alliances que l’on contracte avec un prince qui ne peut vous secourir, ou parce que l’éloignement des lieux ne le lui permet pas,