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jurer de ne point s’écarter des ordres du consul. La multitude obéit, et l’on reprit par force le Capitole. Le consul Publius Valérius ayant été tué au milieu de l’attaque, Titus Quintius fut sur-le-champ nommé à sa place. Ce dernier ne voulut pas laisser respirer le peuple ni lui donner le temps de penser à la loi Térentilla : il lui ordonna donc de sortir de Rome et de marcher contre les Volsques, disant que le serment qu’ils avaient prononcé, de ne point abandonner le consul, les forçait à le suivre. Les tribuns s’y opposaient en disant que ce serment avait été fait au consul expiré et non point à lui. Néanmoins, Tite-Live fait connaître comment le peuple, dans la crainte de violer la religion du serment, aima mieux obéir au consul que d’écouter ses tribuns, et il ajoute ces paroles en faveur de l’antique religion : Nondum hæc, quæ nunc tenet sæculum, negligentia deum venerat, nec interpretando sibi quisque jusjurandum et leges aptas faciebat. Les tribuns, craignant alors de perdre leur crédit, s’accordèrent avec le consul, consentirent à lui obéir et s’engagèrent à laisser une année s’écouler sans parler de la loi Térentilla, à condition que pendant cette même année les consuls ne pourraient conduire le peuple à la guerre. Et c’est ainsi que la religion offrit au sénat les moyens de vaincre une difficulté qu’il n’eût jamais surmontée sans un tel secours.



CHAPITRE XIV.


Les Romains interrogeaient les auspices suivant la nécessité, et mettaient la plus grande prudence à paraitre observer la religion, même quand ils étaient contraints de la violer, et punissaient ceux qui témoignaient témérairement du mépris pour elle.


Ainsi que je l’ai dit plus haut, non-seulement les augures étaient en grande partie le fondement de la