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exercées, qui n’avaient cessé de combattre en Italie. Mais tout cela provint de la sagesse de ce roi et de la bonne administration de son royaume, où, même pendant la paix, on cultivait les exercices de la guerre.

Épaminondas et Pélopidas, après avoir affranchi Thèbes, leur patrie, et l’avoir soustraite au joug que les Spartiates faisaient peser sur elle, virent qu’ils se trouvaient au milieu d’une ville façonnée à l’esclavage, et d’un peuple plongé dans la mollesse. Éclairés par leur propre courage, ils ne doutèrent pas de pouvoir former leurs concitoyens au métier des armes, d’entrer avec eux en campagne pour s’opposer aux progrès des Spartiates, et de parvenir à les vaincre. Les historiens rapportent en effet que ces deux illustres capitaines prouvèrent en peu de temps que ce n’était pas seulement à Lacédémone qu’on trouvait des guerriers, mais dans tous les lieux où il naît des hommes, pourvu qu’il y en ait un qui sache les plier au service militaire, comme on dit que Tullus sut instruire les Romains. Et Virgile ne pouvait mieux exprimer cette opinion, ni montrer qu’il la partageait également, que par ces vers où il dit :


« . . . Desidesque movebit
« Tullus in arma viros. »




CHAPITRE XXII.


Ce qu’il y a de remarquable dans le combat des Horaces et des Curiaces.


Tullus, roi de Rome, et Métius, roi d’Albe, étaient convenus que le peuple dont les trois guerriers désignés seraient vainqueurs donnerait des lois à l’autre. Les trois Curiaces, Albains, furent tués : du côté des Romains, un seul des Horaces resta vivant ; et c’est ainsi que Métius et son peuple demeurèrent sujets des Romains.