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conformément à cette idée, par l’exercice perpétuel de la puissance et du gouvernement de son auteur.

8. Le mot de correction ou de réforme ne doit pas être entendu par rapport il Dieu, mais uniquement par rapport a nous. L’état présent du système solaire, par exemple, selon les lois du mouvement qui sont maintenant établies, tombera un jour en confusion ; et ensuite il sera peut-être redresse, ou bien il recevra une nouvelle forme. Mais ce changement n’est que relatif, par rapport à notre manière de concevoir les choses. L’état présent du monde, le désordre où il tombera et le renouvellement dont ce désordre sera suivi entrent également dans le dessein que Dieu a forme. Il en est de la formation du monde comme de celle du corps humain. La sagesse de Dieu ne consiste pas à les rendre éternels, mais à les faire durer aussi longtemps qu’il le juge in propos.

9. La sagesse et la prescience de Dieu ne consistent pas il préparer des remèdes par avance, qui guériront d’eux-mêmes les désordres de la nature. Car, il proprement parler, il n’arrive aucun désordre dans le monde, par rapport à Dieu ; et par conséquent, il n’y a point de remèdes ; il n’y a point même de forces naturelles qui puissent agir d’elles-mêmes, comme les poids et les ressorts agissent d’eux-mêmes par rapport aux hommes. Mais la sagesse et la prescience de Dieu consistent, comme on l’a dit ci-dessus, il former dès le commencement un dessein, que sa puissance met continuellement en exécution.

10. Dieu n’est point une inlelligentia mundana ni une intelligentia supramundana ; mais une intelligence qui est partout dans le monde et hors du monde. Il est en tout, partout, et par-dessus tout.

11. Quand on dit que Dieu conserve les choses, si l’on veut dire par là qu’il agit actuellement sur elles, et qu’il les gouverne, en conservant et en continuant leurs êtres, leurs forces, leurs arrangements et leurs mouvements, c’est précisément ce que je soutiens. Mais si l’on veut dire simplement que Dieu, en conservant les choses, ressemble à un roi qui créerait des sujets, lesquels seraient capables d’agir sans qu’il eût aucune part à ce qui se passerait parmi eux ; si c’est là, dis-je, ce que l’on veut dire, Dieu sera un véritable créateur, mais il n’aura que le titre de gouverneur.

12. Le raisonnement que l’on trouve ici suppose que tout ce que Dieu fait est surnaturel et miraculeux ; et par conséquent, il tend à