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Lettre à part à M. Arnauld, à laquelle le discours précédent a été joint.

Voici la réponse à vos dernières objections, qui est devenue un peu longue, parce que je me voulais m’expliquer exactement, et ne laisser rien en arrière de vos doutes ; j’ai inséré souvent vos propres paroles, ce qui a encore contribué à la grossir. Comme j’avais établi toutes ces choses, il y a longtemps, et prévenu, si je l’ose dire, la plupart des objections, elle ne m’a coûté presque point de méditation, et il ne me fallait que de me décharger des pensées sur le papier et les relire par après. C’est ce que je dis, Monsieur, afin que vous ne me croyiez pas enfoncé dans ces choses aux dépens d’autres soins nécessaires. Vous m’avez vous-même engagé à aller si loin en me faisant des objections et des demandes auxquelles j’ai voulu satisfaire, tant afin de profiter de vos lumières qu’afin de vous faire connaître ma sincérité à ne rien déguiser.

Je suis à présent fort occupé à l’histoire de la 8me maison de Brunswick. J’ai vu plusieurs archives cet été, et je vais faire un tour dans la haute Allemagne, pour chercher quelques monuments. Cela ne n’empêche pas que je ne souhaite d’apprendre votre sentiment sur mes éclaircissements ; lorsque votre commodité le permettra, aussi bien que sur ma réponse à l’abbé Catelan, que je vous envoie ici, d’autant qu’elle est courte et à mon avis démonstrative, pour peu qu’on se donne tant soit peu d’attention. Si ce M. l’abbé Catelan ne s’y prend pas mieux que jusqu’ici, ce n’est pas de lui qu’il faut attendre l’éclaircissement de cette matière. Je souhaiterais que vous y puissiez donner un moment d’attention sérieuse, vous seriez peut-être surpris de voir qu’on a pris pour un principe incontestable ce qui est si aisé à renverser. Car il est démonstratif que les vitesses que les corps ont acquises en descendant sont comme les racines carrées des hauteurs dont ils sont tombés. Or, si on fait abstraction des circonstances extérieures, un corps peut précisément remonter à la hauteur dont il est descendu. Donc…[1].

Dans un autre passage, Leibniz continue ainsi : « Je vous communique ici ma réponse à M. l’abbé Catelan, qui sera peut-être insérée dans les Nouvelles de la République des lettres. Ainsi nous sommes encore à recommencer, et j’ai fait une faute en répliquant à la pre-

  1. Ici la lettre est interrompue.