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nouveaux essais sur l’entendement

se fasse aucun changement en lui, par cela seul que son fils vient à mourir.

Th. Cela se peut fort bien dire suivant les choses dont on s’aperçoit ; quoique dans la rigueur métaphysique, il soit vrai qu’il n’y a point de dénomination entièrement extérieure (denominatio pure extrinseca), à cause de la connexion réelle de toutes choses.

§ 6. Ph. Je pense que la relation n’est qu’entre deux choses.

Th. Il y a pourtant des exemples d’une relation entre plusieurs choses à la fois, comme celle de l’ordre ou celle d’un arbre généalogique qui expriment le rang et la connexion de tous les termes ou suppôts, et même une figure comme celle d’un polygone renferme la relation de tous les côtés.

§ 8. Ph. Il est bon aussi de considérer que les idées des relations sont souvent plus claires que celles des choses qui sont les sujets de la relation. Ainsi la relation du père est plus claire que celle de l’homme.

Th. C’est parce que cette relation est si générale qu’elle peut convenir aussi à d’autres substances. D’ailleurs, comme un sujet peut avoir du clair et de l’obscur, la relation pourra être fondée dans le clair. Mais, si le formel même de la relation enveloppait la connaissance de ce qu’il y a d’obscur dans le sujet, elle participerait de cette obscurité.

§ 10. Ph. Les termes qui conduisent nécessairement l’esprit à d’autres idées qu’à celles qu’on suppose exister réellement dans la chose à laquelle le terme ou mot est appliqué, sont relatifs et les autres sont absolus.

Th. On a bien ajouté ce nécessairement, et on pourrait ajouter expressément ou d’abord, car on peut penser au noir, par exemple, sans penser à sa cause ; mais c’est en demeurant dans les bornes d’une connaissance qui se présente d’abord et qui est confuse ou bien distincte, mais incomplète ; l’un, quand il n’y a point de résolution de l’idée et l’autre quand on la borne. Autrement, il n’y a point de terme si absolu et si détaché qu’il n’enferme des relations et dont la parfaite analyse ne mène et d’autres choses et même à toutes les autres ; de sorte qu’on peut dire que les termes relatifs marquent expressément les rapport qu’ils contiennent. J’oppose ici l’absolu au relatif, et c’est dans un autre sens que je l’ai opposé ci-dessus au borné.