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de l’été dernier ; mais bientôt à deux reprises, il parut à la tête de sa bande, bien armée, et s’opposa aux troupes du roi, les attaqua, leur reprit un prisonnier, et parcourut tout le pays, pilla les paysans, entre autres mes fermiers.

« Informé de ces désordres à mon retour d’Écosse, je m’adressai au lieutenant-général Carpenter, qui fit partir trois détachements de Glasgow, Stirling et Finlarig, de nuit et par des routes différentes, afin de surprendre Rob-Roy et ses hommes dans leurs maisons. Cette expédition aurait certainement réussi, sans les pluies abondantes qui tombèrent cette nuit-là même, et retardèrent la marche des troupes, de sorte que tout le monde ne se trouva pas au rendez-vous indiqué. Tout ce qu’on put faire en cette occasion fut de brûler une maison de campagne où Rob-Roy demeurait alors, après que des hommes de son clan eurent du haut des rochers tiré sur les troupes du roi, et même tué un grenadier.

« Grahame de Killearn, shérif par moi envoyé dans le pays, était avec le détachement parti de Stirling, et sans doute pour cela même cette barbare tribu va l’accabler de mauvais traitements. De plus, ils savent qu’il est mon parent, et quelle activité il a déployée au service du gouvernement… Toutes ces raisons, Votre Seigneurie le croira aisément, me rendent extrêmement inquiet sur le sort de ce malheureux, car il ne m’est pas permis de penser à le délivrer : il faut que je l’abandonne au hasard et à ses propres efforts.

« Après de mûres réflexions, j’ai proposé au gouvernement de faire construire un fort, comme le seul expédient propre à contenir ces rebelles et à conserver la tranquillité du pays. Ce projet est entre les mains du général Carpenter, qui s’en occupe sérieusement ; et j’ai la conviction que c’est le seul moyen de les arrêter véritablement. Mais, en attendant, il faudrait cantonner quelques troupes dans ces endroits, et j’en écrirai au général.

« Je m’aperçois que j’ai importuné Votre Seigneurie par cette longue lettre dont le contenu, j’en suis honteux, n’a rapport qu’à moi ; mais, puisque l’honneur du gouvernement y est intéressé, je n’ai pas besoin d’excuse, et je vous demanderai seulement la permission d’ajouter que je suis avec beaucoup de respect et du fond du cœur.


« Milord,
« De Votre Seigneurie le très-humble et très-obéissant serviteur.
« Montrose. »