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avec le défunt Glenure ; et de plus, les Mac-Gregor et les Campbell étaient amis depuis longtemps, tandis que le premier de ces clans et les Stewart avaient été récemment en guerre, comme nous l’avons vu. Enfin, Robert-Oig était alors en prison à Édimbourg, et James était bien aise de rendre quelque service qui pût sauver son frère. D’après la manière dont James envisageait le bien et le mal, ces différents motifs suffirent pour justifier à ses yeux sa conduite dans une entreprise qu’il ne pouvait mener à fin sans la plus infâme trahison. Mac-Gregor demanda la permission de revenir en Anglelerre, promettant d’y ramener Allan-Breck avec lui ; mais celui qu’il voulait perdre, prévenu par deux compatriotes qui soupçonnèrent les intentions de James, était sur ses gardes. Allan échappa à ce traître après lui avoir volé dans son porte-manteau, dit Mac-Gregor, quelques habillements et quelques tabatières. Mais un tel vol, il faut l’observer, ne pouvait avoir eu lieu si les deux parties n’eussent vécu sur le pied d’une intimité qui leur permettait de fouiller dans les bagages l’un de l’autre.

Quoique James Drumnond eût manqué son coup dans l’affaire d’Allan Breck Stewart, il usa de la permission qui lui était donnée d’aller faire un voyage à Londres, et eut une entrevue avec lord Holdernesse. Sa Seigneurie et le sous-secrétaire lui firent mille questions embarrassantes, et lui offrirent, à ce qu’il assure, une place qui l’aurait mis au service du gouvernement. Cette place était avantageuse pour les appointements ; mais, dans les opinions de James, l’accepter eût été déshonorer sa naissance, et devenir un fléau pour son pays. Si cette offre engageante et ce ferme refus ne sont point de son invention, il s’agissait sans doute de quelque plan d’espionnage contre les jacobites, que le gouvernement espérait exécuter au moyen d’un homme qui, dans l’affaire d’Allan Breck Stewart, n’avait pas montré une conscience bien scrupuleuse. James Drummond Mac-Gregor pouvait, dit-il, accepter un emploi digne d’un homme d’honneur, mais rien autre. Cette réponse, comparée à certaines actions de sa vie passée, rappellera au lecteur le vieux Pistol[1] s’excusant sur sa réputation.

S’étant ainsi montré rebelle aux propositions de lord Holdernesse, dit notre autorité, James Drummond reçut l’ordre de quitter sur-le-champ l’Angleterre.

À son retour en France, sa position fut, à ce qu’il paraît, des plus misérables. Saisi par la fièvre, attaqué de la gravelle, il tomba

  1. Personnage d’une tragédie de Shakspeare. a. m.