Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/48

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étaient reconnaissants de ses bienfaits, quoique les esprits ne fussent pas suffisamment éclairés pour bien apprécier ses erreurs.

L’auteur devrait peut-être s’arrêter ici ; mais le sort d’une partie de la famille de Rob-Boy est assez extraordinaire pour l’engager à continuer cette Introduction déjà bien longue. C’est offrir au lecteur plusieurs pages intéressantes non seulement quant aux mœurs des Highlandais, mais encore le contraste d’une tribu ancienne et presque sauvage encore, mise en contact avec les différentes classes d’un peuple dont la civilisation et les mœurs ont atteint le plus haut degré de perfection.

Rob eut cinq fils, Coll, Donald, James, Duncan et Robert. On ne sait rien de remarquable sur trois d’entre eux. Mais James, qui était un fort bel homme, semble avoir hérité en grande partie des penchants de son père, et le manteau de Dugald Ciar était descendu sur les épaules de Robin-Oig, c’est-à-dire du jeune Robin. Peu après la mort de Rob-Roy, la mésintelligence qui régnait toujours entre les Mac-Gregor et les Mac-Larens éclata de nouveau, à l’instigation, dit-on, de la veuve de Rob, qui semble mériter ainsi le caractère que lui avait prêté son mari, celui d’une femme altérée de sang et de carnage. Robin-Oig, cédant à ses conseils, jura que dès qu’il serait capable de porter un certain fusil qui avait appartenu à son père, et qu’il envoya à Doune pour le faire raccommoder, il tirerait sur Mac-Larens pour le punir d’avoir osé s’établir sur les terres de sa mère[1]. Il tint parole, et tira sur Mac-Larens, tandis qu’il labourait, un coup de fusil qui le blessa mortellement.

On alla quérir un médecin highlandais, qui sonda la blessure avec un fragment de tige de chou. Le savant Esculape déclara qu’il n’osait rien ordonner, attendu qu’il ne pouvait savoir avec quelle balle le patient avait été blessé. Mac-Larens mourut ; vers la même époque, on ravagea ses terres de la manière la plus barbare.

Après ce meurtre, qu’un de ses biographes appelle un malheureux coup de fusil, Robin-Oig revint à la maison de sa mère se

  1. Ce fatal fusil, qu’on prit à Robin-Oig quand il fut fait prisonnier, bien des années après, resta long-temps entre les mains des magistrats chez lesquels on l’avait apporte comme pièce de conviction, et il fait maintenant partie d’une petite collection d’armes appartenant à l’auteur. C’est un fusil d’Espagne ; on lit sur le canon les trois lettres R. M. C., ce qui signifie Robert Mac-Gregor Campell.