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nouvelles dans le cours de son voyage, et d’attendre notre arrivée à un lieu indiqué, près du bac d’O’Balloch.

Mac-Gregor nous offrit ensuite de nous accompagner dans le trajet ; et, nous avertissant que nous serions obligés de faire quelques milles avant de déjeuner, il nous recommanda un verre d’eau-de-vie, comme un excellent viatique. Le bailli lui tint compagnie tout en disant que c’était une habitude blâmable et pernicieuse, que de commencer la journée par boire des liqueurs spiritueuses, excepté pourtant quand il s’agissait de fortifier l’estomac (qui est une partie faible) contre le brouillard du matin… Dans un cas semblable, son père le diacre recommandait un petit verre, et joignait l’exemple au précepte.

« C’est très-vrai, cousin, et c’est pourquoi nous autres, qui sommes des enfants du Brouillard[1], nous avons le droit d’en boire toute la journée. »

Fortifié par cette salutaire libation, le bailli monta sur un petit cheval montagnard ; on m’en offrit un également, mais je le refusai ; et nous reprîmes, sous des auspices et avec des guides bien différents, la route que nous avions parcourue la veille. Notre escorte était composée de Mac-Gregor, avec cinq ou six montagnards, les plus beaux, les plus vigoureux et les mieux armés de sa troupe, et qui étaient comme ses gardes du corps ordinaires.

Quand nous approchâmes du défilé, théâtre du combat de la veille, et de l’acte plus affreux encore qui l’avait suivi, Mac-Gregor se hâta de prendre la parole, comme pour répondre aux réflexions qu’il supposait devoir occuper mon esprit, car je ne disais mot ; il répondait donc à mes pensées et non à mes paroles.

« Vous devez nous juger bien sévèrement, monsieur Osbaldistone, et il ne serait pas naturel qu’il en fût autrement ; mais rappelez-vous du moins que nous avons été provoqués. Nous sommes un peuple grossier, ignorant, et même violent et impétueux, mais nous ne sommes pas cruels. Nous ne troublerions ni la paix ni les lois du pays, si on nous avait laissés jouir des bienfaits de la paix et des lois. Nous avons été une race persécutée.

— Et la persécution, dit le bailli, rend fous les gens les plus sages.

— Quel effet doit-elle donc produire sur des hommes comme

  1. The Children of the Mist. La Légende de Montrose nous les fera connaître. a. m.