Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/430

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et m’arrêtant au moment où j’allais poursuivre, me dit : « Je vous remercie, je vous remercie, mais n’en parlons pas davantage. Je n’aurais pas cru que l’œil d’aucun homme pût voir une larme sur la paupière de Mac-Gregor. » En parlant ainsi, il passait le dos de sa main sur ses longs cils gris et ses épais sourcils rouges. « Demain matin nous en parlerons, et nous nous occuperons aussi de vos affaires, car nous nous levons de bonne heure, même quand un heureux hasard nous permet de coucher dans un lit. Ne voulez-vous pas me faire raison pour le dernier verre ? » Je refusai son invitation.

« Eh bien ! par l’âme de saint Maronoch, je me ferai raison à moi-même. » Et il se versa au moins une demi pinte de vin, qu’il but tout d’un trait.

Je me jetai sur mon lit de bruyère, résolu de retarder les questions que je voulais lui faire, jusqu’à ce que son esprit fût dans un état plus calme. Cet homme extraordinaire s’était tellement emparé de mon imagination, que je ne pus m’empêcher de suivre tous ses mouvements pendant quelques minutes. Il se promena dans la chambre, se signant de temps en temps et murmurant quelque prière latine de l’église catholique ; ensuite il s’enveloppa de son manteau, plaçant d’un côté son épée nue, et un pistolet de l’autre, de manière qu’au premier bruit il pouvait se lever et saisir aussitôt ses armes. Au bout de quelques minutes, le bruit de sa respiration m’annonça qu’il dormait profondément. Accablé de fatigue, et la tête remplie des différentes scènes extraordinaires dont j’avais été témoin dans la journée, je fus bientôt moi-même, malgré les inquiétudes qui m’agitaient, enseveli dans un profond sommeil, dont je ne sortis que le lendemain matin.

Quand j’ouvris les yeux, Mac-Gregor était déjà parti. J’éveillai le bailli qui, après avoir bâillé, soupiré, et s’être plaint d’avoir encore les os brisés par suite de l’excessive fatigue de la veille, fut enfin en état d’entendre l’heureuse nouvelle que les billets enlevés par Rashleigh Osbaldistone m’avaient été rendus. Dès qu’il m’eut bien compris, il oublia tous ses maux, et s’empressa de se lever pour examiner le contenu du paquet que je mis entre ses mains, et le comparer avec le mémorandum de M. Owen. « C’est juste, c’est juste, » se disait-il à lui-même en procédant à cette vérification ; « c’est cela même… Bailli et Wittington… Où est Bailli et Wittinglon ? 700 liv. st. 6 sh. 8 d… c’(st parfaitement exact… Pollocket Peelman. 28 liv. st. 7 sh… c’est très juste. Le ciel soit