Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/426

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excepté pourtant de la poudre à canon. À cette générosité inattendue, le montagnard regarda avec étonnement son cousin, mais il accepta son présent, l’en remercia, et remit les cinq pièces dans le lieu de sûreté d’où il les avait tirées.

Le bailli produisit alors l’obligation originale que Rob lui avait faite de cette somme, sur le dos de laquelle il écrivit un reçu en règle qu’il signa, et qu’il me pria de signer aussi comme témoin. Je fis ce qu’il désirait, et M. Jarvie, jetant avec anxiété les yeux autour de lui, comme pour en chercher un autre, la loi de l’Écosse exigeant la signature de deux témoins pour donner de la validité à un bon ou à une quittance, « Excepté nous, il vous serait difficile, dit Rob, de trouver à trois milles à la ronde un homme qui sache écrire ; mais j’ai un moyen tout aussi facile de terminer cette affaire ; » et prenant le papier des mains de son parent, il le jeta dans le feu. Ce fut au tour de M. Jarvie d’ouvrir de grands yeux, mais son cousin continua : « Voilà comme on règle les comptes dans les montagnes. Si je gardais des papiers de ce genre, qui sait s’il ne viendrait pas un temps, cousin, où mes amis pourraient être compromis à cause de leurs relations avec moi ? »

Le bailli n’essaya pas de répondre à cet argument, et l’on nous servit aussitôt un souper où régnaient une abondance et une délicatesse qui devaient surprendre dans un tel endroit. Il était en grande partie composé de viandes froides, ce qui semblait annoncer qu’elles avaient été préparées à quelque distance, et quelques bouteilles de bon vin de France relevèrent la saveur d’un pâté de venaison et de différents autres mets. Mac-Gregor faisait les honneurs de sa table avec l’hospitalité la plus attentive ; il nous adressa des excuses sur ce qu’un certain pâté avait été entamé avant de nous avoir été présenté. » Il faut que vous sachiez, » dit-il à M, Jarvie sans me regarder, « que vous n’êtes pas les seuls hôtes que Mac-Gregor ait eu à recevoir cette nuit, et vous le croirez sans peine, car sans cette raison ma femme et mes deux fils seraient ici, comme leur devoir les y oblige. »

Il me sembla voir sur la figure de M. Jarvie qu’il n’était nullement fâché que quelque circonstance les retînt ailleurs, et j’aurais été complètement de son avis, si je n’avais cru comprendre, d’après les excuses de Rob-Roy, que les hôtes dont il voulait parler étaient Diana et son compagnon, à qui je ne pouvais me déterminer à donner le nom de son mari.

Tandis que ces idées désagréables, en dépit du bon accueil et