Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/422

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cérémonie. « Vous savez vous-même, cousin, que vous n’êtes pas très-bien avec la justice ; et quant à ma cousine Hélène, quoique l’accueil qu’elle m’a fait dans cette bienheureuse journée, et que j’excuse à cause du trouble de son esprit, ne soit rien moins qu’amical, mettant de côté ce sujet personnel de plainte, je vous dirai de votre femme que…

— N’en dites rien, cousin, » dit Rob d’un ton grave et sévère, « rien qu’un ami ne puisse dire et qu’un mari ne puisse entendre. Quant à ce qui me regarde, je vous permets d’en parler tout à votre aise.

— Eh bien donc, » dit le bailli un peu déconcerté, « nous passerons sur ce chapitre-là. D’ailleurs, je n’approuve pas qu’on cherche à mettre la division dans les familles. Mais pour en venir à vos deux fils, Hamish et Robin, ce qui, à ce que j’ai pu entendre, signifie James et Robert, et j’espère par parenthèse, que vous leur donnerez ce dernier nom à l’avenir, car on n’a jamais rien connu de bon de ces Hamish, Eachine, Angus, etc., etc., excepté que ce sont des noms qu’on trouve toujours dans toutes les affaires des assises de l’ouest, pour des vols de vaches, à la requête de l’avocat de la couronne, etc., etc. ; mais, comme je vous le disais en parlant de vos deux fils, ils n’ont pas seulement reçu les premiers principes d’une éducation libérale ; ils ne connaissent pas même la table de multiplication, qui est la racine de toutes les connaissances utiles, et ils n’ont fait que rire et se moquer de moi quand je leur ai dit ce que je pensais de leur ignorance. Je croirais vraiment qu’ils ne savent ni lire, ni écrire, ni chiffrer, si on pouvait croire qu’il fût possible d’avoir des parents aussi ignorants dans un pays chrétien.

— Ma foi, s’ils savaient quelque chose de tout cela, cousin, répondit Mac-Gregor avec la plus grande indifférence, il faudrait qu’ils l’eussent appris tout seuls, car où diable aurais-je été leur chercher des maîtres ? Voudriez-vous que je fasse afficher sur la porte de la salle de théologie du collège de Glasgow : On demande un précepteur pour les enfants de Rob-Roy ?

— Non, cousin ; mais vous auriez pu envoyer vos garçons là où ils auraient appris la crainte de Dieu et les usages des gens civilisés. Ils sont aussi ignorants que les bœufs que vous aviez l’habitude de conduire au marché, ou que les manants anglais auxquels vous les vendiez, et ne sont capables de rien faire.

— Vous croyez ! Hamish est capable d’abattre un oiseau au vol