Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/397

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avait une expression particulière, « je vois que vous croyez cette liberté excusable dans l’ami d’un ami, car on suppose généralement que Rob n’est pas l’ennemi des amis que le major Galbraith peut avoir de l’autre côté de la mer.

— Si cela est, milord, » dit Garschattachin du même ton de plaisanterie, « ce n’est pas ce que j’ai entendu dire de pire sur son compte ; mais je voudrais que nous eussions quelques nouvelles des clans que nous attendons depuis si long-temps. Je gagerais qu’ils nous tiendront parole à la manière des montagnards. Je ne les ai jamais connus plus favorablement… Les loups ne se mangent pas entre eux[1].

— Il n’y a pas lieu de s’inquiéter, dit le duc ; ces messieurs sont des hommes d’honneur, et je dois supposer qu’ils seront fidèles au rendez-vous. Envoyez deux cavaliers en avant pour voir s’ils arrivent. Nous ne pouvons sans eux risquer l’attaque du défilé où le capitaine Thornton s’est laissé prendre, et qui, à ma connaissance, pourrait être défendu par dix fantassins contre un régiment de la meilleure cavalerie de toute l’Europe. En attendant, faites distribuer des vivres à la troupe. »

Je profitai de ce dernier ordre, qui m’était d’autant plus agréable et d’autant plus nécessaire que je n’avais rien pris depuis le repas que nous avions fait à la hâte à Aberfoïl. Les vedettes qu’on avait dépêchées revinrent sans nouvelles des auxiliaires attendus, et le coucher du soleil approchait, quand un montagnard, appartenant à l’un des dans sur la coopération desquels on comptait, arriva : il remit au duc, de l’air le plus respectueux, une lettre dont il était porteur,

« Je parierais une barrique de claret, dit Garschattachin, que ce message est pour nous prévenir que ces maudits montagnards, que nous sommes venus chercher ici avec tant de peines et de tourments, abandonnent notre cause, et nous laissent nous tirer d’affaire comme nous pourrons.

— Ce n’est que trop vrai, messieurs, » dit le duc rougissant d’indignation après avoir parcouru la lettre, qui était écrite sur un mauvais chiffon de papier, mais adressée avec toutes les formes possibles de cérémonial : À très-haut et puissant seigneur le duc de… « Nos alliés, messieurs, ont fait séparément leur paix avec l’ennemi.

  1. It’s ill drawing boots upon trews, dit le texte ; ce qui signifie : « Il est difficile de mettre des bottes avec des pantalons bas. a. m.