Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/384

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rond, fait d’un bois léger, curieusement recouvert de plaques de cuivre, avec une pointe de fer qui partait du centre. Ils portaient ce bouclier sur l’épaule gauche pendant la marche ou quand ils se servaient de leurs armes à feu, et le tenaient attaché au bras gauche quand ils chargeaient avec l’épée.

Mais il était facile de voir que cette troupe d’élite n’arrivait pas à la suite d’une victoire semblable à celle que venaient de remporter leurs compagnons. La cornemuse faisait entendre de temps à autre quelques notes lugubres qui semblaient bien éloignées d’exprimer l’orgueil du triomphe. Ils s’approchèrent de l’épouse du chef dans un morne silence, le regard sombre et baissé, et les cornemuses recommencèrent leurs accords sauvages et plaintifs.

Hélène se précipita vers eux avec un visage où la colère se mêlait à la crainte. « Que signifie ceci, Allaster ? dit-elle au joueur de cornemuse ; pourquoi ces sons plaintifs après une victoire ? Robert, Hamish, où est Mac-Gregor ? où est votre père ? »

Ses fils, qui commandaient la troupe, s’approchèrent d’elle d’un pas timide et lent, et lui murmurèrent tout bas quelques mots en gaélique. En les entendant elle poussa un cri qui fit retentir les rochers, et auquel les femmes et les enfants, en joignant les mains, répondirent par des hurlements qui semblaient être les derniers de leur vie. Les échos des montagnes répétèrent ces cris frénétiques et discordants de la douleur, qui chassèrent de leur asile les oiseaux de la nuit, effrayés d’entendre en plein jour un concert plus lugubre et plus affreux que le leur.

« Prisonnier ! » répéta Hélène lorsque les clameurs eurent cessé. « Prisonnier ! captif ! et vous vivez pour le dire ! Vils poltrons ! vous ai-je nourris pour que vous épargniez votre sang quand il s’agit de combattre les ennemis de votre père ? ou pour le voir prisonnier, et venir me l’annoncer ? »

Les fils de Mac-Gregor, auxquels s’adressaient ces reproches, étaient des jeunes gens dont l’aîné avait à peine atteint sa vingtième année. Hamish ou James, l’aîné des deux, était plus grand de toute la tête et beaucoup plus beau que son frère ; ses yeux d’un bleu clair, la forêt de cheveux blonds qui s’échappait de son bonnet bleu, lequel n’était pas sans élégance, donnaient à son ensemble quelque chose d’agréable, et présentaient en lui un échantillon des jeunes montagnards sous leurs traits les plus flatteurs. Le plus jeune se nommait Robert, mais, pour le distinguer de son