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« Qui êtes-vous, s’écria-t-elle, vous qui osez réclamer la parenté des Mac-Gregor, et qui n’avez ni leurs habits ni leur langage ? Qui êtes-vous, vous qui avec la langue et la robe du chien de chasse, cherchez à vous introduire au milieu des daims ?

— Je ne sais pas, reprit l’imperturbable bailli, si notre parenté vous a jamais été bien expliquée ; mais elle est bien connue et peut être prouvée. Ma mère Elspeth Mac-Farlane était femme de mon père le diacre Nicol Jarvie : que leurs âmes reposent en paix ! et Elspeth était fille de Parlane Mac-Farlane de Loch-Sloy. Or ce Parlane Mac-Farlane, comme peut vous le certifier sa fille encore vivante, Maggy Mac-Farlane, alias Mac-Nab qui a épousé Duncan Mac-Nab O’stuckavralachan, était cousin au quatrième degré de votre mari Robin Mac-Gregor, car… »

La virgo coupa soudain l’arbre généalogique, en demandant avec hauteur si le ruisseau libre dans son cours reconnaissait comme une portion de lui-même l’eau qu’on y avait puisée pour les vils usages domestiques de ceux qui habitaient près de ses bords.

« C’est juste, cousine, répliqua le bailli, mais cela n’empêche pas que le ruisseau serait bien aise que cette eau lui fût rendue, quand, pendant l’été, son lit desséché n’est plus rempli que de pierres qui blanchissent au soleil. Je sais bien que vous autres montagnards vous méprisez les habitants de Glasgow à cause de leurs vêtements et de leur langage ; mais chacun parle sa langue natale, celle qu’il a apprise dans son enfance, et ce serait une drôle de chose que de me voir, moi, avec mon gros ventre et mes courtes jambes, porter le plaid montagnard et des jarretières au dessous du genou. D’ailleurs, cousine, » continua-t-il malgré les signes que lui faisait Dougal pour lui recommander le silence (car l’amazone témoignait quelque impatience d’une telle loquacité) ; « d’ailleurs, vous respectez infiniment votre mari, et je vous approuve beaucoup, puisque l’Écriture le commande ; enfin, dis-je, vous le respectez : en bien ! cousine, alors, vous devez vous rappeler que j’ai été plus d’une fois utile à Robin, et que, sans parler du collier de perles dont je vous ai fait présent le jour de votre mariage, je lui ai rendu plus d’un service dans le temps où il faisait honnêtement et loyalement le commerce de bestiaux, dans le temps où il ne songeait ni à piller, ni à se battre, ni à troubler la paix du roi, ni à désarmer ses soldats, toutes choses contraires aux lois. »