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à André, dont les mâchoires claquaient comme une paire de castagnettes depuis la menace proférée par le montagnard.

« Certainement, j’en sais quelque chose. C’est un montagnard qui a remis cette lettre à cette vieille bavarde d’hôtesse. Je puis jurer que mon maître n’en savait rien.

— Si l’on me remet une lettre pour un homme qui est chez moi, ne dois-je pas la lui rendre ? dit l’hôtesse. Oh ! je ne sais ni lire ni écrire ; par conséquent…

— Taisez-vous, bonne femme ; on ne vous accuse pas… Continuez, l’ami, reprit l’officier.

— C’est tout, monsieur l’Habit-Rouge ; seulement, comme mon maître a l’intention d’aller dans les montagnes pour voir Rob, je vous assure, monsieur, que ce serait vraiment une bonne œuvre que de le faire accompagner à Glasgow par quelques-uns de vos habits-rouges, de gré ou de force. Quant à monsieur Jarvie, vous pouvez le garder aussi long-temps que vous voudrez ; il est bien en état de payer toutes les amendes que vous voudrez lui imposer, et mon maître également, pour dire toute la vérité. Quant à moi, je ne suis qu’un pauvre garçon jardinier, et je ne vaux pas la peine que l’on s’occupe de ma personne.

— Ce que j’ai de mieux à faire, dit l’officier, est d’envoyer ces trois messieurs au quartier-général, sous bonne escorte. Ils paraissent être en correspondance directe avec l’ennemi, et je ne veux, sous aucun rapport, me trouver responsable de les avoir laissés en liberté. Messieurs, vous voudrez bien vous regarder comme mes prisonniers. Dès le point du jour je vous ferai conduire en lieu de sûreté. Si vous êtes ce que vous prétendez être, on ne tardera pas à le reconnaître, et deux ou trois jours d’emprisonnement ne seront pas un grand malheur. — Je n’écoute rien, » dit-il au bailli qui avait la bouche ouverte pour lui parler ; « mon service ne me laisse pas le temps d’entrer dans de vaines discussions.

— Fort bien, fort bien, monsieur ! dit le bailli, vous pouvez maintenant chanter tout à votre aise ; mais prenez garde que je ne vous fasse danser avant peu. »

L’officier et les montagnards eurent alors une conférence sérieuse, mais ils parlèrent si bas qu’il nous fut impossible d’en entendre un mot. Aussitôt après ils sortirent tous. Alors le bailli me dit : « Ces montagnards sont des clans de l’ouest, et, si ce que l’on dit est vrai, tout aussi peu scrupuleux que leurs voisins ; s’ils viennent du bout du comté d’Argyle pour faire la guerre à ce pau-