Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/359

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il y a beaucoup de gens qui pensent que le nom de Jacques est aussi bon que celui de George : c’est du roi régnant et de celui qui devrait régner de droit que je parle ; et je dis, capitaine, qu’on peut être honnête homme, et fidèle à tous deux. Mais, pour le moment, je suis de l’opinion du lord gouverneur, comme il convient à un officier de la milice et à un lieutenant député ; et, quant à la trahison et tout ce qui s’ensuit, c’est du temps perdu d’en parler : moins on en dit à ce sujet mieux cela vaut.

— Je suis fâché de voir de quelle manière vous avez employé votre temps, monsieur, reprit l’officier anglais (en effet, le raisonnement du digne gentilhomme se ressentait terriblement de la liqueur qu’il avait bue) ; et j’aurais désiré qu’il en eût été autrement dans une occasion aussi importante. Je vous engage à essayer de dormir pendant une heure. Ces messieurs appartiennent-ils à votre société ? » ajouta-t-il en regardant le bailli et moi, qui, occupés à souper, avions fait peu d’attention à l’entrée de cet officier.

« Ce sont des voyageurs, monsieur, dit Galbraith : le rituel nous dit de prier pour les voyageurs par terre et par mer.

— Je suis chargé, dit le capitaine en prenant une lumière pour nous mieux examiner, d’arrêter un homme d’un certain âge et un jeune homme ; or ces deux messieurs me paraissent répondre au signalement donné.

— Prenez garde à ce que vous dites, monsieur ! s’écria M. Jarvie ; votre habit rouge et votre chapeau galonné ne pourront vous protéger si vous attentez à ma liberté, à ma personne. Je vous poursuivrai en diffamation, en détention arbitraire. Je suis un bourgeois et un magistrat de Glasgow. Mon nom est Nicol Jarvie : avant moi c’était celui de mon père. Je suis bailli, grâce à Dieu, et mon père était diacre.

— C’était un enragé puritain, dit le major Galbraith, et il s’est battu contre le roi au pont de Bothwell.

— Il payait ce qu’il devait et ce qu’il achetait, monsieur Galbraith, répliqua le bailli, et c’était un plus honnête homme que n’en portèrent jamais vos jambes.

— Je n’ai pas le temps d’écouter tout cela, dit l’officier ; je vous arrête, messieurs, à moins que vous ne me présentiez des personnes respectables qui me garantissent que vous êtes de loyaux sujets.