Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/282

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fit signe de ne rien dire, et m’indiqua par son changement de posture son intention de se glisser vers la porte de manière à attirer l’attention le moins possible ; mais l’alerte magistrat (bien différent de mon ancienne connaissance, M. le juge de paix Inglewood) s’aperçut à l’instant de son projet, et empêcha l’exécution. « Écoutez donc, Stanchells ; prenez garde à la porte ; fermez-la à clef, et gardez-la en dehors. »

Le front de l’étranger se rembrunit, et il sembla un moment réfléchir encore s’il n’effectuerait pas sa retraite de vive force ; mais, avant qu’il eût pris son parti, la porte se ferma, et le formidable verrou fut poussé. Il murmura une exclamation en gaélique, traversa la chambre, puis prenant un air de sombre résolution, comme s’il se fût préparé à voir de quelle façon finirait la scène, il s’assit sur la table et se mit à siffler une marche.

M. Jarvie, qui paraissait très-alerte et très-expéditif en affaires, montra bientôt qu’il était parfaitement au courant de celle qu’il venait d’examiner, et s’adressa à M. Owen de la manière suivante :

« Eh bien, monsieur Owen, votre maison est débitrice de certaines sommes envers Mac-Vittie et Mac-Fin. C’est une honte pour eux d’agir comme ils font, après avoir gagné autant et plus qu’il ne convenait dans l’affaire des bois de Glen-Cailziechat, qu’ils m’ont enlevée à mon nez et à ma barbe, et, il faut que je le dise, aidés en cela par vos belles paroles, monsieur Owen. Mais cela ne fait rien maintenant… Eh bien donc, monsieur, votre maison, comme je le disais, leur doit ces sommes ; et, en raison de cette dette et d’autres engagements, ils vous ont logé ici sous le double tour des grosses clefs de Stanchells. Le résumé est donc que vous leur devez cet argent, et que vous en devez peut-être à d’autres, peut-être encore à moi-même, le bailli Jarvie.

— Je ne saurais nier, monsieur, que la balance à partir de ce jour ne puisse être établie contre nous, dit Owen ; mais vous voudrez bien considérer à présent, monsieur Jarvie….

— Je n’ai pas le temps de rien considérer à présent, monsieur Owen ; le jour du sabbat est à peine écoulé, et au lieu d’être dans mon lit bien chaud, me voilà à courir de nuit et par l’humidité, car il y a une espèce de brouillard dans l’air ; vous voyez bien que ce n’est pas le moment de s’arrêter à des considérations. Mais, pour en revenir à ce que je disais, vous me devez de l’argent, c’est incontestable ; vous m’en devez plus ou moins, je n’en départirai