Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/257

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voisins plus zélés leur donnaient de temps en temps dans les jambes ; les nonchalants témoignaient leur inattention par la distraction de leurs regards, mais n’osaient pas donner de signes d’ennui plus évidents. Au milieu des habits et des manteaux, costume distinctif de l’habitant des basses terres, je remarquai de temps en temps un plaid écossais ; l’individu qui le portait, appuyé sur la poignée de son épée, promenait ses yeux sur l’auditoire avec un air d’étonnement et de curiosité sauvage, et ne prêtait aucune attention au sermon, mais probablement par la plus excusable de toutes les raisons, c’est-à-dire parce qu’il n’en comprenait pas un mot. Cependant l’air martial et féroce de ces étrangers donnait à l’assemblée un caractère qui lui aurait manqué sans eux, André me fit remarquer ensuite qu’ils y étaient ce jour-là en plus grand nombre, à cause d’une foire de bestiaux qui avait lieu dans le voisinage.

Telles étaient les physionomies du groupe placé rang par rang, et que découvraient à mon inspection critique les rayons de soleil qui pénétraient à travers les croisées de l’église souterraine de Glasgow. Après avoir éclairé l’auditoire attentif, ils allaient se perdre dans le vide des voûtes qui étaient derrière, jetant sur le premier plan un demi-jour douteux et livrant leurs profondeurs à d’épaisses ténèbres qui les faisaient paraître sans fond.

J’ai déjà dit que je me tenais debout avec ceux qui formaient le cercle extérieur, le visage tourné vers le prédicateur, et le dos aux voûtes dont j’ai plus d’une fois parlé. Ma position me mettait à même d’être dérangé par le moindre bruit qui pouvait avoir lieu sous ces arceaux déserts et qui était aussitôt répété par mille échos. Le bruit des gouttes de pluie qui, pénétrant par quelque crevasse du toit ruiné, tombaient sur le pavé placé au-dessous, me fit tourner la tête plus d’une fois vers le lieu d’où il semblait venir, et lorsque mes yeux avaient pris cette direction, j’avais de la peine à les en détourner : tel est le plaisir que trouve notre imagination lorsqu’elle s’efforce de pénétrer dans les détours d’un labyrinthe imparfaitement éclairé, et qui nous présente des objets qui n’excitent notre curiosité que par le mystérieux intérêt que leur prête leur aspect vague et douteux. Peu à peu mes yeux s’habituèrent à l’atmosphère ténébreuse vers laquelle je les dirigeais sans cesse, et bientôt mon esprit s’intéressa plus aux découvertes que je cherchais à y faire qu’aux subtilités métaphysiques que développait le prédicateur.