Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/254

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Imaginez-vous, Tresham, une longue rangée de voûtes sombres, basses, à demi éclairées, telles que les caveaux destinés aux sépultures dans les autres pays, et qui, dans celui-ci, avaient long-temps aussi été consacrées au même usage. Une portion de ce souterrain avait été convertie en église, et on y avait établi des bancs ; mais cette partie ainsi disposée, quoique pouvant bien contenir une réunion de plusieurs centaines de personnes, était très-peu de chose en comparaison des vastes et sombres cavernes qui restaient vides et béantes autour de ce qu’on peut appeler l’espace habité. Dans ces solitaires régions de l’oubli, de vieilles bannières noircies par le temps, des lambeaux d’écussons déchirés, indiquaient les tombeaux de ceux qui, sans doute, avaient été princes en Israël. Des inscriptions, qui ne pouvaient être déchiffrées que par le laborieux antiquaire, dans une langue aussi hors d’usage que l’acte de dévotion qu’elles réclamaient, invitaient les passants à prier pour les âmes de ceux dont les corps reposaient au-dessous. Au milieu de ces réceptacles des dernières dépouilles de l’humanité, je trouvai une assemblée nombreuse occupée à la prière. Les Écossais remplissaient ce devoir debout au lieu de s’agenouiller, sans avoir peut-être pour cela de meilleur motif que de témoigner, par une différence de coutume aussi frappante, leur éloignement pour les formes du rituel romain ; car j’ai remarqué que, dans les prières qu’ils font en famille (comme aussi, sans doute, dans leurs dévotions particulières), ils s’adressent à la Divinité dans cette posture, en usage chez tous les autres chrétiens, comme la plus humble et la plus respectueuse. C’était donc debout qu’une multitude de plusieurs centaines de personnes de tout âge et des deux sexes, parmi lesquelles les hommes se tenaient la tête découverte, écoutaient avec beaucoup de respect et d’attention la prière qu’un ecclésiastique déjà avancé en âge et très en vogue dans la ville, prononçait, sinon d’effusion, du moins de mémoire[1]. Élevé dans la même croyance, je tournai en ce moment toutes mes pensées vers ces exercices de piété, et ce ne fut que lorsque toute l’assemblée eut repris ses sièges que mon attention fut distraite par les objets qui m’entouraient.

À la fin de la prière, tous les hommes remirent leurs chapeaux

  1. Walter Scott fait observer ici qu’il a vainement cherché le nom de cet ecclésiastique, mais que des publications périodiques pourront le révéler, comme elles ont découvert beaucoup de personnes et de faits auxquels il n’avait jamais pensé. a. m.