Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/249

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jours avec répugnance que le montagnard quitte ses déserts ; et à cette époque reculée surtout, chercher à le naturaliser dans la plaine, c’eût été déraciner un pin du roc où il a crû pour le transporter ailleurs. Cependant, même à cette époque, il y avait excès de population dans les vallées des hautes terres, quoique diminuée de temps en temps par la famine ou par le fer : forcés par la nécessité, quelques uns de leurs habitants s’avançaient jusqu’à Glasgow, y formaient des établissements, y cherchaient et y obtenaient de l’emploi, quoique bien différent de celui auquel ils se livraient dans leurs montagnes. Ce renfort de population utile et laborieuse ne fut pas sans importance pour la prospérité de la ville. Elle lui dut les moyens de soutenir le petit nombre de manufactures dont elle se vantait déjà, et par conséquent les fondements de sa splendeur future.

L’aspect de la ville répondait à ces circonstances favorables. La rue principale était large et imposante, ornée d’édifices publics, dont l’architecture frappait les yeux sans être d’un goût bien pur, et bordée de hautes maisons en pierres de taille, dont la façade était quelquefois revêtue de riches ornements en maçonnerie, ce qui donnait à cette rue un air de majesté et de grandeur dont la plupart des villes d’Angleterre sont en quelque sorte privées par l’aspect fragile et mesquin des briques dont elles sont construites.

Ce fut un samedi soir, et trop tard pour s’occuper d’aucune affaire, que mon guide et moi nous arrivâmes dans la métropole occidentale de l’Écosse. Nous descendîmes à la porte d’une auberge dont l’hôtesse gaillarde et de bonne mine (suivant l’expression d’André, et qui me rappela l’hôtelière du vieux Chaucer) nous reçut civilement.

Le lendemain matin toutes les cloches de la ville qui étaient en branle nous annoncèrent la sainteté du jour. Cependant, malgré tout ce que j’avais entendu dire de l’austérité avec laquelle le dimanche est observé en Écosse, mon premier mouvement fut, assez naturellement, de chercher Owen sur-le-champ ; mais j’appris bientôt que toute tentative serait vaine jusqu’à ce que le service divin fût terminé. Mon hôtesse et mon guide se réunirent pour m’assurer que je ne trouverais pas âme vivante au bureau, ni dans l’habitation de M. Mac-Vittie, Mac-Fin et compagnie, auxquels la lettre de votre père, Tresham, me disait de m’adresser, et qu’à plus forte raison je n’y rencontrerais aucun des associés. C’étaient des hommes religieux et qui seraient alors où tout bon