Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/247

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malheureux ami pouvait s’attendre à conserver de la jument, c’était le licou.

Pendant que j’arrachais l’un après l’autre ces détails à André, il avait l’air triste et confondu, car son orgueil était cruellement mortifié d’être obligé de convenir que les procureurs sont des procureurs de l’un comme de l’autre côté de la Tweed, et que M. le clerc de Touthope ne valait pas un liard de plus que M. le clerc Jobson.

« Si cela lui était arrivé par les Anglais, il aurait, disait-il, été moitié moins vexé de se voir escroquer ce qu’il avait gagné, pouvait-il dire, au péril de son cou. Mais devait-on s’attendre à voir un faucon déchirer un faucon, et un brave Écossais devait-il en tromper un autre ?… » Il fallait que tout eût bien changé dans ce pays depuis cette triste et maudite Union ; car c’était toujours à cet événement qu’André attribuait tous les signes de dégénération et de corruption qu’il remarquait chez ses compatriotes, tels que l’augmentation des prix dans les auberges, la diminution de la capacité des pintes, et autres griefs de ce genre qu’il me fit observer pendant la route.

Quant à moi, d’après la manière dont les choses avaient tourné, je me tins comme déchargé de toute espèce de responsabilité au sujet de la jument, et j’écrivis à mon oncle par quelle circonstance elle avait été emmenée en Écosse, l’informant qu’elle était entre les mains de la justice et de ses dignes réprésentants le bailli Trumbull et M. le clerc Touthope, auxquels je le renvoyais pour les détails. Le cheval retourna-t-il chez le chasseur de renards de Northumberland, ou continua-t-il de porter la personne du procureur écossais, c’est ce dont il est inutile de m’occuper maintenant.

Nous poursuivîmes notre route vers le nord-ouest avec beaucoup moins de rapidité que nous en avions mis dans notre retraite nocturne d’Angleterre. Des chaînes de montagnes stériles et sans intérêt se succédèrent sans interruption jusqu’à ce que nous fussions entrés dans la fertile vallée de la Clyde, et alors nous fîmes autant de hâte que nous pûmes pour arriver à la ville, ou, comme l’appelait très-pertinemment mon guide, à la cité de Glasgow. J’ai entendu dire que depuis quelques années elle mérite complètement le titre, qu’éclairé par une espèce de seconde vue politique, mon guide lui donnait alors. Un commerce étendu et toujours croissant avec les Indes occidentales et les colonies américaines a