Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/217

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lier avec lui ; et lui-même ne me fit aucune avance ; ainsi nos relations se bornaient à un échange de politesses. Je pensai que M. Vaughan occupait sans doute l’appartement de Rashleigh pendant son séjour momentané au château, et sa profession devait l’appeler souvent dans la bibliothèque. Il était donc probable que c’était sa lumière qui avait excité mon attention dans une des soirées précédentes. Ceci me conduisit involontairement à me rappeler que les entrevues de Diana avec le prêtre avaient le même caractère mystérieux que ses relations avec Rashleigh. Je ne l’avais jamais entendue prononcer le nom du P. Vaughan ni en parler indirectement, si ce n’est la première fois que je le vis, où elle nomma le vieux prêtre et Rashleigh et elle-même, comme les seules personnes avec qui l’on pût converser au château. Cependant, bien qu’elle ne parlât jamais du P. Vaughan, son arrivée au château inspirait à miss Vernon une inquiétude et une crainte qui ne disparaissaient que lorsqu’ils avaient échangé entre eux quelques regards significatifs.

Quel que fût le mystère qui entourât les destinées de cette belle et intéressante créature, il était évident que le P. Vaughan n’y était point étranger. Peut-être, pensais-je, s’est-il chargé d’arranger son entrée dans un couvent quand elle aura refusé de s’unir à aucun de ses cousins… cela expliquerait suffisamment l’émotion qu’elle éprouve à son arrivée. Du reste ils paraissaient n’avoir pas de fréquents entretiens, et ne pas chercher à se réunir. Leur ligue, s’il en existait une entre eux, était tacite et conventionnelle ; elle dirigeait leurs actions sans qu’ils eussent besoin de se parler. Je me rappelai toutefois que je les avais vus deux ou trois fois échanger quelque signes, que j’avais alors supposé avoir rapport aux pratiques religieuses de miss Vernon, sachant avec quel art les prêtres catholiques savent conserver leur influence sur l’esprit de leurs sectateurs. Mais à présent j’étais disposé à les rattacher à quelque motif plus important et plus mystérieux. Avait-il de secrètes entrevues avec miss Vernon dans la bibliothèque ? S’ils en avaient, quel en était le sujet ? pourquoi avait-elle accordé une confiance aussi grande à un ami du perfide Rashleigh ?

Ces questions agitaient mon esprit, et y excitaient un intérêt d’autant plus vif, que je ne pouvais les résoudre. Je commençais à soupçonner que mon amitié pour Diana Vernon n’était pas aussi désintéressée que la raison l’aurait voulu. Déjà j’avais senti