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part, cet escalier et cette porte étaient hors d’usage ; c’est ce qui rendait assez remarquable l’observation d’André.

« Avez-vous vu souvent cette porte ouverte ? lui dis-je.

— Souvent n’est pas le mot, mais deux ou trois fois. C’est sans doute le prêtre, le P. Vaughan, comme ils l’appellent : car vous ne verrez pas un domestique sur cet escalier ; ils ont trop peur des esprits et des revenants. Mais le P. Vaughan se regarde comme une personne privilégiée… mais c’est pur orgueil… je parierais que le plus mauvais prédicateur qui ait jamais prononcé un sermon de l’autre côté de la Tweed chasserait un esprit deux fois plus vite que lui avec son eau bénite et ses colifichets d’idolâtrie. Je crois même qu’il ne parle pas bien latin ; au moins il ne me comprend pas quand je lui dis les noms scientifiques des plantes. »

Je n’ai encore rien dit du P. Vaughan, qui partageait son temps et ses soins spirituels entre le château d’Osbaldistone et une demi-douzaine de familles catholiques du voisinage, parce que je ne l’avais que très-peu vu. Il était âgé d’environ soixante ans, d’une bonne famille du nord, à ce que j’appris ; sa tournure était noble et imposante, son extérieur grave ; il était très-respecté par les catholiques du Northumberland, qui le regardaient comme un homme intègre et vertueux. Cependant le P. Vaughan n’était pas exempt de ces particularités qui distinguent son ordre. Il s’enveloppait d’une sorte de mystère, qui pour les protestants sentait un peu le prêtre. Les naturels d’Osbaldistone-Hall (car on peut leur donner ce nom) avaient pour lui plus de respect que d’affection. Il était évident qu’il condamnait leurs orgies, car ils se modéraient singulièrement quand le prêtre était au château. Sir Hildebrand lui-même évitait tout excès pendant ce temps, ce qui sans doute faisait que la présence du P. Vaughan était gênante et désagréable. Il avait cette insinuante habileté du bon ton, particulière aux gens de sa profession, surtout en Angleterre, où les catholiques laïques, retenus par les lois pénales, les règles de leur croyance, et les recommandations de leurs pasteurs, se montrent souvent réservés, timides même dans la société des protestants ; tandis que le prêtre, à qui sa profession permet de se mêler à des personnes de toute croyance, est ouvert, aisé et franc dans ses relations, avide de popularité, et souvent habile à l’obtenir.

Le P. Vaughan semblait être une connaissance particulière de Rashleigh ; autrement il aurait eu beaucoup de peine à se maintenir à Osbaldistone-Hall. Cela ne me donna nulle envie de me