Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/156

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fragments de lois en français ou en latin de cuisine. Et, Diana, ma beauté, laissez les jeunes gens se montrer le chemin les uns aux autres à travers les marais, de peur que vous ne vous égariez en indiquant la route aux autres, mon joli feu follet. »

Après cet avertissement, il salua miss Vernon, et me fit aussi un adieu très-amical.

« Tu parais être un bon garçon, monsieur Frank, et je me rappelle aussi fort bien ton père : il était mon camarade de collège. Écoute, ne voyage pas si tard, et ne fais pas tant le rodomont avec ceux que tu rencontreras sur la grande route du roi. Tous les sujets du roi ne sont pas tenus de comprendre la plaisanterie, et il ne faut pas badiner avec ce qui touche à la félonie. Voilà aussi la pauvre Diana Vernon, seule et abandonnée sur la terre, qui court, monte à cheval, selon son bon plaisir : aie bien soin d’elle, ou je retrouverai ma jeunesse et je me battrai avec toi, ce qui cependant me causerait un petit embarras. Et maintenant pars et laisse-moi à ma pipe et à mes réflexions ; car, comme dit la chanson :


De l’Inde la feuille étrangère
Brûle et s’éteint rapidement :
De l’homme ainsi la force est passagère ;
Et de la jeunesse légère
Quand le feu n’a plus d’aliment,
Comme une cendre desséchée,
La vieillesse paraît, vers la tombe penchée,
Fumeur, songes-y constamment. »


Je pris grand plaisir aux traits de bon sens et de sentiment qui échappaient au juge au milieu des vapeurs de sa paresse et de sa complaisance pour lui-même ; je l’assurai que je profiterais de ses conseils, et je pris congé de l’honnête magistrat et de sa demeure hospitalière.

Un repas était préparé pour nous dans l’antichambre ; nous y fîmes peu honneur. En descendant, nous trouvâmes dans la cour le domestique de sir Hildebrand que nous avions rencontré en arrivant ; il dit à miss Vernon que M. Rashleigh lui avait donné l’ordre de nous attendre pour nous accompagner au château. Nous fîmes quelque temps route en silence, car, à dire vrai, mon esprit était si troublé des événements de la journée que je n’aurais su prendre le premier la parole. Enfin miss Vernon