Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/155

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suivre de bons conseils ? Nos chevaux sont prêts : dites adieu à M. Inglewood, et montrez-vous Anglais. »

Après cette exhortation, Morris nous fit ses adieux et sortit sous l’escorte de M. Campbell ; mais il paraît que de nouveaux scrupules ou de nouvelles craintes le saisirent avant qu’il eût quitté la maison, car j’entendis Campbell lui réitérer ses assurances de protection. « Par l’âme de mon corps, vous êtes aussi en sûreté que dans le jardin potager de votre père. Comment un homme, avec cette barbe noire, n’a-t-il pas plus de cœur qu’un poulet ! Allons, venez avec moi, comme un franc compagnon. »

Les voix se perdirent dans l’éloignement, et bientôt le bruit des pas des chevaux nous annonça qu’ils avaient quitté la maison du juge.

La joie qu’éprouva le digne magistrat, de voir se terminer si facilement une affaire qui le menaçait de beaucoup d’embarras, fut un peu tempérée quand il songea à ce que son clerc pourrait penser de cet arrangement. « J’aurai encore Jobson sur les épaules pour ces maudits papiers. Je n’aurais pas dû les détruire, après tout. Mais, bah ! je lui paierai ce que ce procès aurait pu lui rapporter, et cela calmera tout. Et maintenant, miss Diana Vernon, quoique j’aie rendu la liberté à tous les autres, je veux décerner un mandat pour vous remettre à la garde de la mère Blakes, ma vieille femme de charge ; j’enverrai chercher mon voisin M. Musgrave, les miss Dewkins et vos cousins ; nous aurons le vieux Cobs, le joueur de flûte, et vive la joie ! Et, en vous attendant, nous aurons, M. Frank Osbaldistone et moi, une bouteille qui nous fera bonne compagnie. »

— Grand merci, juge, reprit miss Vernon ; mais il faut que nous retournions à Osbaldistone-Hall, où l’on ignore ce que nous sommes devenus, afin de délivrer mon oncle de ses inquiétudes sur le sort de mon cousin, qu’il aime comme un de ses fils.

— Je le crois, dit le juge ; car quand son fils aîné, Archie, finit si tristement dans cette malheureuse affaire de sir John Fenwich, le vieil Hildebrand prononçait son nom aussi souvent que celui des six qui lui restaient, et se plaignait de ne pouvoir jamais se rappeler lequel de ses fils avait été pendu. Retournez donc promptement, et tranquillisez sa sollicitude paternelle. Mais écoutez-moi, fleur des bruyères, dit-il en l’attirant à lui par la main et d’un ton de bonne humeur, une autre fois laissez la justice faire ses affaires, sans mettre votre joli doigt dans son vieux pâté moisi, rempli de