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château de Banochar ou Benechra. Mais ce n’était pas un asile sûr, car il fut massacré peu après dans une cave du château ; les annales de la famille disent que ce fut par les Mac-Grego ; mais d’autres traditions rejettent le crime sur les Mac-Farlane.

Cette bataille de Glenfruin, et la cruauté dont les vainqueurs avaient usé envers leurs ennemis vaincus, furent rapportées au roi Jacques VI, de la manière la plus défavorable au clan Gregor, à qui sa réputation d’hommes braves mais indisciplinés ne pouvait que nuire en cette circonstance. Afin que Jacques comprît toute l’étendue du massacre, les veuves des morts, au nombre de cent vingt, en habit de deuil, montées sur des palefrois blancs, portant chacune, au bout d’une pique, la chemise ensanglantée de son mari, se présentèrent à Stirling devant le prince, sur qui ce spectacle terrible et lugubre devait faire une profonde impression, demandant vengeance de la mort de leurs maris.

Les mesures auxquelles on eut recours étaient pour le moins aussi cruelles que les barbaries qu’elles étaient destinées à punir. Par un acte du conseil privé, daté du 3 avril 1603, le nom de Mac-Gregor fut aboli ; il fut enjoint à tous ceux qui l’avaient porté jusque là, de prendre un autre surnom : la peine de mort était prononcée contre ceux qui se feraient encore appeler Gregor ou Mac-Gregor ; sous la même peine, tous ceux qui avaient assisté au combat de Glenfruin, ou pris part à d’autres actes de brigandage mentionnés dans l’acte, reçurent défense de porter les armes, excepté un couteau sans pointe, destiné à couper leurs aliments. Par un acte subséquent, du 24 juin 1613, la peine de mort fut prononcée contre toutes les personnes appartenant autrefois à la tribu Mac-Gregor, qui se rassembleraient au nombre de plus de quatre. Enfin un acte du parlement, (1617, chapitre 26) confirma ces lois, qui frappèrent même sur la génération suivante. On s’appuyait sur cette considération, que beaucoup d’enfants de ceux contre qui les actes du conseil privé avaient été dirigés, étaient sur le point d’atteindre l’âge viril, et que s’il leur était permis de reprendre les noms de leurs pères, le clan se retrouverait aussi redoutable qu’auparavant.

L’exécution de ces lois rigoureuses fut confiée dans l’est, principalement au comte d’Argyle, et à la puissante tribu des Campbell ; plus à l’ouest, dans les Highlands du Perthshire, au comte d’Athol et à ses vassaux. Les Mac-Gregor, comme on le pense bien, résistèrent, et avec un courage désespéré ; plus d’une vallée dans le nord et l’ouest