Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 9, 1838.djvu/114

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— À l’église catholique !

— Et quelle autre église ? Mais j’oubliais… on nous a dit que vous étiez un hérétique : est-ce vrai, monsieur Osbaldistone ?

— Je ne puis le nier.

— Et pourtant vous avez habité le continent, et des pays catholiques ?

— Quatre ans environ.

— Avez-vous vu des couvents ?

— Beaucoup ; mais j’en ai peu vu qui recommandassent la religion catholique.

— Les gens qui y vivent ne sont-ils pas heureux ?

— Plusieurs le sont à coup sûr : ce sont ceux qu’un esprit sincère de dévotion, ou une dure épreuve des persécutions et des infortunes du monde, ou une apathie naturelle de caractère, a conduits dans la retraite. Mais ceux qui, dans un accès d’enthousiasme soudain et exagéré, par une haine irréfléchie de la société, née d’un malheur ou d’une injustice, se sont jetés dans le cloître, ceux-là, dis-je, sont très-misérables. Leurs sensations habituelles viennent les tourmenter, et, semblables aux animaux sauvages d’une ménagerie, ils s’agitent sans cesse dans leur prison, pendant que d’autres rêvent tranquillement ou s’engraissent dans des cellules aussi étroites que les leurs.

— Et que deviennent, continua miss Vernon, ces victimes condamnées au cloître par la volonté des autres ? À quoi ressemblent-elles, surtout si leur naissance les appelait à jouir de la vie et à savourer ses plaisirs ?

— Elles sont comme des oiseaux en cage ; condamnées à user leur vie dans une prison, elles cherchent à se faire illusion par la culture de mille talents heureux qui, si elles étaient restées libres, auraient fait les délices de la société.

— J’aime mieux être… répondit miss Vernon, c’est-à-dire, ajouta-t-elle en se reprenant, j’aimerais mieux être comme le fier faucon qui, habitué à prendre librement son essor vers les cieux, se déchire contre les barreaux de sa cage. Mais, pour en revenir à Rashleigh, continua-t-elle d’un ton plus calme, vous le trouverez l’homme le plus aimable que vous ayez jamais vu, pour une semaine du moins. S’il voulait prendre une maîtresse aveugle, il serait sûr d’en faire la conquête ; mais l’œil détruit le charme qui enchante l’oreille. Tenez, nous voici dans la cour du vieux château, qui paraît aussi sauvage, aussi passé de mode que ses habi-