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— Oh ! presque rien, miss Vernon : quand mon palefrenier a sellé mon cheval, je sais le monter ; quand mon faucon est en lieu convenable, je sais le faire voler.

— Est-ce là tout ? » dit la jeune dame en mettant son cheval au petit trot.

Il y avait une espèce de palissade grossière qui nous barrait le chemin ; je m’avançais pour en ouvrir la porte faite de pièces de bois brut coupé dans la forêt, quand miss Vernon m’en évita la peine en la franchissant d’un saut ; je me fis un point d’honneur de la suivre, et en un instant je fus à ses côtés.

« Allons, il ne faut pas encore désespérer de vous, dit-elle ; j’avais peur que vous ne fussiez un Osbaldistone très-dégénéré. Mais qui peut au monde vous amener dans notre Cub-Castle[1] ? c’est le nom que nos voisins donnent à notre maison de chasseurs. Vous auriez pu vous en dispenser, je suppose ? »

Ma charmante compagne, par ce ton amical et familier, avait déjà gagné ma confiance ; je lui répondis à voix basse : « Assurément, miss Vernon, je regarderais comme une pénitence sévère mon séjour à Osbaldistone, si les habitants sont tels que vous me les avez dépeints ; mais je sais qu’il y a une exception qui seule peut faire oublier tous les désagréments.

— Ah ! vous voulez parler de Rashleigh ? dit miss Vernon.

— Mais non ; je pensais… excusez-moi, à une personne dont je suis moins éloigné en ce moment.

— Je suppose qu’il serait convenable de paraître ne pas vous comprendre ; mais ce n’est pas mon habitude ; et si je ne réponds pas à votre compliment par une révérence, c’est que je suis à cheval. Mais, sérieusement, je mérite votre exception ; car je suis la seule personne au château avec qui l’on puisse causer, excepté toutefois le vieux prêtre et Rashleigh.

— Et quel est ce Rashleigh, au nom du ciel ?

— Rashleigh est un drôle qui voudrait que tout le monde fût comme lui, afin de ressembler à tout le monde. C’est le plus jeune des fils de sir Hildebrand Osbaldistone ; il a votre âge environ ; mais, en deux mots, il n’est pas si bien que vous. Cependant la nature lui a donné une certaine dose de bon sens, et le prêtre y a ajouté une bonne mesure d’instruction. Il est ce que nous appelons un savant, dans ce pays où les savants sont rares. Il se destine à l’église, mais il ne paraît pas pressé de recevoir l’ordination.

  1. Château aux ours. a. m.