affaires privées, ajouta-t-il en se redressant avec orgueil ; et si j’ai un conseil à vous donner, monsieur, c’est de ne jamais faire route avec le premier étranger venu, et moins encore de dire à personne le chemin que vous devez prendre. » Alors, sans autre cérémonie, il dégagea son bouton de la main de son interlocuteur, et m’abordant au moment où les convives sortaient de table : « Votre ami, me dit-il, est trop communicatif, attendu la nature du dépôt dont il est chargé.
— Ce monsieur, répondis-je en regardant le voyageur, n’est pas de mes amis ; c’est une connaissance que j’ai faite en route. Je ne connais ni son nom, ni ses affaires, et vous semblez plus avant que moi dans sa confiance.
— Je veux seulement dire, répliqua-t-il brusquement, qu’il paraît un peu trop disposé à honorer de sa compagnie des gens qui ne la désirent pas.
— Ce monsieur, répondis-je, connaît ses propres affaires, et je serais fâché de porter un jugement sur ce qui le concerne. »
M. Campbell, sans autre observation, me souhaita un bon voyage, et la société se retira pour aller prendre du repos.
Le lendemain je me séparai de mon timide compagnon, car je quittai la grande route du nord pour me diriger plus à l’ouest, vers le manoir d’Osbaldistone, demeure de mon oncle. Comme il semblait toujours me regarder d’un air soupçonneux, je ne puis dire s’il fut content ou fâché de mon départ. Pour ma part, les frayeurs de ce poltron commençaient à ne plus m’amuser, et, à vrai dire, ce fut avec une joie sincère que je le quittai.
CHAPITRE V.
LE MANOIR D’OSBALDISTONE.
C’était avec cet enthousiasme que les sites romantiques et sauvages inspirent aux amants de la nature que je m’enfonçais dans