Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/463

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n’était pas encore revenue de sa difficile et périlleuse expédition. Il se sentait hors d’état de découvrir lui-même le lieu qu’Alice avait choisi pour retraite pendant les derniers événements, et d’obtenir sa liberté si elle avait été mise en prison. Il désirait qu’Éverard lui offrît ses services pour la chercher ; mais la honte l’empêcha de l’en prier, et Éverard, qui ne savait pas quel changement s’était opéré dans les dispositions de son oncle à son égard, n’osait pas s’offrir ni même prononcer le nom d’Alice.

Le soleil était déjà couché ; ils étaient assis, et se regardaient en silence, quand ils entendirent des chevaux s’arrêter. On frappa à la porte. Un pas léger monta l’escalier, et Alice, l’objet de leur inquiétude, se présenta à eux. Elle se précipita avec joie dans les bras de son père qui, après avoir porté des regards attentifs autour de la chambre, lui demanda : « Tout est-il sauvé ? — Oui ; et il n’y a plus rien à craindre, j’en ai l’espérance. J’ai quelque chose à vous remettre. »

Ses yeux se fixèrent alors sur Éverard… Elle rougit, elle s’embarrassa, et ne proféra pas un mot.

« Ne craignez rien de votre cousin presbytérien, » dit le chevalier avec un sourire de bonne humeur ; « il est devenu un confesseur de la royauté, et a couru le risque d’en être un des martyrs. »

Elle tira de son sein le message royal écrit sur un petit morceau de papier sale, et attaché avec un fil de laine au lieu de sceau. Malgré cette triste apparence, sir Henri, avant de l’ouvrir, le porta avec un respect oriental contre ses lèvres, contre son cœur et son front, et ce ne fut qu’après y avoir laissé tomber une larme qu’il trouva le courage de l’ouvrir et d’en lire le contenu que voici :

« Notre loyal et estimé ami, et notre fidèle sujet,

« Ayant été instruit qu’un projet de mariage avait été formé entre mistress Alice Lee, votre fille unique, et Markham Éverard, Esquire, d’Éversaly Chase, son cousin et votre neveu ; étant instruit aussi que ce mariage vous eût été extrêmement agréable, sans des considérations relatives à notre service, qui vous ont empêché d’y donner votre consentement jusqu’à ce jour, nous vous faisons connaître que, bien loin que nos affaires doivent souffrir de cette alliance, nous vous exhortons, et autant qu’il est en nous, nous vous requérons de consentir à cette alliance, si vous souhaitez faire quelque chose qui nous soit agréable et grandement utile à nos affaires : vous laissant néanmoins, comme il est du devoir d’un roi chrétien, le libre exercice de votre propre prudence en ce qui con-