Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/449

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lever aussi les mains qui étaient enchaînées. « Que la volonté de Dieu soit faite ! — Tu peux empêcher tous ces malheurs en répondant à une seule question, lui dit Cromwell. Où est le jeune Charles Stuart, qu’on appelait roi d’Écosse ? — Sous la protection du ciel et hors de ton pouvoir, » fut la réponse ferme du jeune royaliste.

« Qu’on le mène en prison, dit Cromwell, et qu’on l’exécute avec les autres, comme rebelle pris en flagrant délit. Qu’une cour martiale s’assemble sur-le-champ pour les juger. — Un mot, » dit le jeune homme comme on l’emmenait.

« Arrêtez, arrêtez ! » s’écria Cromwell avec l’agitation d’un espoir qui se réveille ; « laissez-le parler. — Vous aimez les textes de l’Écriture, dit Albert, que celui-ci soit le sujet de votre prochaine homélie : Zimry vécut-il en paix, après avoir tué son maître ? — Qu’on l’emmène, et qu’on le mette à mort, je l’ai déjà dit. »

Comme Cromwell prononçait ces mots, son aide-de-camp s’aperçut qu’il était extraordinairement pâle.

« Votre Excellence est trop fatiguée par les affaires publiques, dit Pearson ; une chasse au cerf pour ce soir la délasserait. Le vieux chevalier a ici un noble lévrier, et si nous pouvons l’engager à chasser sans son maître, ce qui peut être difficile, car il est fidèle, et… — Qu’on le pende ! — Quoi ? qui ? le noble lévrier ? Votre Excellence aimait autrefois les bons chiens ! — Qu’importe ! qu’on le tue. N’est-il pas écrit qu’ils tuèrent dans la vallée d’Achor, non seulement le maudit Acham avec ses fils et ses filles, mais encore ses bœufs, ses ânes, ses moutons, et toutes les créatures vivantes qui lui appartenaient ? Nous ferons de même pour la rebelle famille de Lee, qui a aidé Sisara dans sa fuite, quand Israël aurait pu en être délivré pour toujours. Mais envoie des courriers et des patrouilles ; poursuis, cherche dans toutes les directions. Que mon cheval soit préparé à la porte dans cinq minutes, ou amène-moi le premier que tu pourras trouver. »

Pearson crut remarquer de l’égarement dans les dernières paroles du général, dont une sueur froide couvrait le front. Il lui représenta donc de nouveau qu’il avait besoin de repos, et il paraît que la nature vint à l’appui de ce qu’il disait, car Cromwell se leva, fit quelques pas vers la porte de l’appartement, puis il s’arrêta, chancela, et vint enfin se rasseoir sur sa chaise. « Véritablement, Pearson, ce faible corps est pour nous une entrave perpétuelle, même dans nos affaires les plus urgentes ; je suis plus disposé à dormir qu’à veiller,