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« Comment est-il ? quel est son vêtement ? » répondit Cromwell de l’intérieur de la chambre.

« Habit gris galonné en argent, bottes rougeâtres, chapeau gris avec une plume, cheveux noirs. — C’est lui ! c’est lui, dit Cromwell ; le ciel m’accorde une faveur qui couronne les autres ! »

Pearson et le jeune Lee échangèrent quelques paroles de leurs postes respectifs. — Rendez-vous, dit le premier, ou nous vous ferons sauter avec votre tour. — Je descends de trop haute race pour me rendre à des rebelles, » répondit Albert avec le ton qu’un roi aurait pris en pareille circonstance.

« Je vous prends tous à témoin qu’il a refusé quartier, » s’écria Cromwell triomphant ; « que son sang retombe sur sa tête. Qu’un de nous descende le baril de poudre. Comme il aime à prendre un grand essor, nous y ajouterons ce que nous pourrons trouver dans les bandoulières de nos soldats. Viens avec moi, Pearson, ce genre d’opération te convient. Caporal Grâce-soit-ici, tenez-vous sur la plate-forme de la fenêtre où nous étions tout à l’heure, le capitaine Pearson et moi, et dirigez la pointe de votre pertuisane contre quiconque essaierait de passer ; tu es fort comme un bœuf, et je te garantirais contre le désespoir même. — Mais, » dit le caporal montant avec répugnance, « cet endroit est comme le pinacle du temple, et il est écrit qu’Eutyche tomba du troisième étage, et fut relevé mort. — Parce qu’il s’était endormi à son poste, » répondit Cromwell avec empressement ; « ne te lasse point de veiller et tu ne tomberas pas. Que quatre soldats restent ici pour secourir le caporal si cela est nécessaire, et qu’ils se retirent avec lui dans le passage voûté dès que les trompettes sonneront la retraite. Il est aussi solide qu’une casemate, et vous n’y avez rien à craindre des effets de la mine. Toi, Zorobabel Robins, tu seras leur caporal postiche[1]. »

Robins s’inclina, et le général s’éloigna pour rejoindre ceux qui étaient sortis.

Comme il atteignait la porte du vestibule, il entendit l’explosion du pétard et vit qu’il avait réussi, car les soldats se précipitèrent en brandissant leurs épées et leurs pistolets dans la poterne de la tour dont la porte avait été brisée. Un tressaillement de joie, mêlé d’horreur, émut un instant l’ambitieux soldat.

« Maintenant, maintenant ils le tiennent ! » s’écria-t-il.

  1. Lance prisade, dit le texte ; en français, anspessade. a. m.