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quelques minutes avant de pouvoir ouvrir le secret. En effet, il avait été confectionné avec art, et le ressort qu’il fallait faire jouer était caché dans le cadre du portrait parfaitement fixé à la boiserie ; et on n’apercevait rien qui indiquât le moyen de faire mouvoir le portrait, ainsi que Mark Éverard s’en était assuré. Il s’ouvrit pourtant à la fin, et laissa voir une étroite ouverture, avec un escalier montant d’un côté dans l’épaisseur du mur. Cromwell était alors comme un chien de chasse qu’on vient de détacher, et qui aperçoit le gibier. « Allons, Pearson, cria-t-il, tu es plus leste que moi ; allons, caporal ; » puis, avec une agilité qu’on n’aurait pas attendue de sa taille et de son âge, car il n’était pas de la première jeunesse, il s’écria en s’élançant : « En avant ceux qui ont des torches ! » Il les suivit tous comme un actif piqueur suit les chiens pour les stimuler et les diriger en même temps, et ils entrèrent dans le labyrinthe que le docteur Rochecliffe a décrit dans les Merveilles de Woodstock.


CHAPITRE XXXIV.

PRISE DU CHÂTEAU.


Le roi, pour se mettre à l’abri de la jalousie de la reine, construisit à Woodstock des souterrains tels qu’on n’en vit jamais. Ils furent construits avec beaucoup de soin, en pierres et en fortes charpentes. Cent cinquante portes s’y trouvaient, et elles s’entremêlaient avec tant d’art que, sans un peloton de fil, on ne pouvait ni y entrer ni en sortir.
Ballade de la belle Rosemonde.


La tradition du pays, ainsi que quelques témoignages historiques, confirment l’opinion qu’il exista dans l’antique Loge royale de Woodstock, un labyrinthe ou suite d’appartements et de passages souterrains construits par Henri III, pour mettre sa maîtresse, Rosemonde Clifford, à l’abri de la jalousie de la reine, la célèbre Éléonore. À la vérité, le docteur Rochecliffe, dans un de ces accès de contradictions qu’éprouvent souvent les antiquaires, fut assez hardi pour contester le motif présumé de ce labyrinthe de chambres et de corridors pratiqués dans les murs de cet ancien château ; mais on ne peut nier que, dans la construction de cet édifice, quelque architecte normand n’ait déployé, comme on en a vu souvent beaucoup d’exemples, la plus ingénieuse habileté à établir des passages