Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/340

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et qui voudra bien tirer une botte avec un vieux soldat comme moi, afin que nous ne souffrions pas du froid en restant à rien faire. — Je comprends, monsieur, répliqua Charles ; si l’affaire a lieu, soyez persuadé que je tâcherai de vous trouver un digne antagoniste. — Je vous en serai fort obligé, monsieur ; et je ne m’embarrasse nullement de la qualité de mon adversaire… Il est vrai que je prends les titres d’écuyer et de gentilhomme, et qu’à ce compte, je me croirais infiniment honoré de croiser mon épée avec celle de sir Henri ou de maître Albert Lee ; mais si ces messieurs ne vous servent pas de seconds, je ne refuserai pas de présenter ma pauvre personne à tout gentilhomme qui a servi le roi, ce que j’ai toujours regardé en soi comme une sorte de lettre de noblesse ; et, ainsi, il n’est pas de motif qui puisse me porter à refuser le combat avec personne. — Le roi vous est très reconnaissant, monsieur, lui dit Charles, de l’honneur que vous faites à ses fidèles sujets. — Oh ! monsieur, je suis scrupuleux sur ce point… fort scrupuleux… Quand il faut se mettre en garde contre une Tête-ronde, je consulte les livres héraldiques pour voir s’il a droit de porter les armes, comme l’a maître Markham Éverard, sans quoi je vous promets que je ne me serais point chargé de son cartel. Mais un Cavalier et un gentilhomme peuvent marcher de pair, et quelle que soit sa naissance, sa loyauté l’ennoblit. — C’est bien, monsieur ; ce billet me somme de rencontrer maître Éverard demain matin, à six heures, sous l’arbre appelé le Chêne du Roi… Je n’ai d’objections à faire ni sur l’heure ni sur le lieu. Il préfère l’épée, où, dit-il, nous pouvons être de force égale… j’accepte l’arme : pour seconds, deux gentilshommes… Je m’efforcerai de me procurer un compagnon qui soit pour vous un partenaire convenable, en cas qu’il vous prenne envie d’être de la contredanse. — Je vous baise les mains, monsieur, et suis tout à vous, en raison de l’obligation que je vous ai. — Je vous remercie, monsieur ; je serai prêt en temps et lieu convenus, et dans l’équipage qu’il faudra ; et, ou je donnerai à votre ami, avec mon épée, la satisfaction qu’il réclame, ou l’engagerai à ne plus recommencer, de manière à le satisfaire. — Vous m’excuserez, monsieur, dit Wildrake, si mon esprit est trop simple, en cette occasion, pour concevoir qu’il puisse rester en pareil cas, et entre deux hommes d’honneur, d’autre alternative que… çà… çà… » et il se tendait, et faisait une passe avec sa rapière, qu’il laissa dans le fourreau, et qu’il tint éloignée du roi à qui il parlait. — Excusez-moi aussi, monsieur, si je ne trouble