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CHAPITRE XXVII.

LE CARTEL.


Benedict. Vous dirai-je un mot à l’oreille ?
Claudio. Dieu me préserve d’un cartel.

Shakspeare. Beaucoup de bruit pour rien.


Au moment où Charles se disposait à sortir de l’appartement, il y fut retenu par l’entrée de Wildrake, qui arriva avec une fierté dans sa démarche et une importance telle qu’on n’en avait jamais vu. « Je vous demande pardon, beau sire, lui dit-il ; mais, comme on dit dans mon pays, quand les portes sont ouvertes, les chiens entrent. J’ai vainement frappé et appelé dans le vestibule ; et comme je connaissais le chemin du salon, monsieur, car je sers dans les chevau-légers, et la route où je passe une fois, je ne l’oublie jamais, j’ai osé venir m’annoncer moi-même. — Sir Henri Lee est sorti, monsieur ; je crois qu’il est dans le parc, » dit Charles froidement car la présence de ce débauché, dont l’extérieur était si commun, ne pouvait, lui être que fort désagréable en ce moment ; « et maître Albert Lee est absent de la Loge depuis deux ou trois jours. — Je le sais, monsieur ; mais, pour le moment, je n’ai affaire ni à l’un ni à l’autre. — Et à qui donc ? demanda Charles ; si du moins je puis vous faire cette question… car je ne pense pas qu’il se puisse que ce soit à moi. — Excusez-moi à mon tour, monsieur, c’est à vous que je puis m’adresser ici, si vous êtes, comme je l’imagine, quoique un peu mieux habillé, maître Louis Girnigo, le gentilhomme écossais qui accompagne maître Albert Lee. — Alors, je suis tout ce que vous pouvez rencontrer de lui. — À coup sûr, dit le Cavalier, je trouve une différence, mais le repos et un meilleur costume font beaucoup ; et j’en suis content, car j’aurais été fâché d’avoir remis un message tel que celui dont je suis porteur, à un malotru. — Allons, au fait, monsieur, s’il vous plaît… Vous avez un message pour moi, dites-vous ? — Oui, monsieur ; je suis l’ami du colonel Markham Éverard, monsieur ; un bel homme et brave sur le champ de bataille, quoique je puisse souhaiter qu’il embrasse une meilleure cause… Oui, ma foi, je vous apporte un message renfermé dans un petit papier que je prends la liberté de vous présenter avec les formalités d’usage. » À ces mots, il tira son épée, mit au bout le billet dont il parlait, et, faisant une profonde révérence, il le présenta à Charles.