Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/321

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lère : « Que, sans doute, les presbytériens, pendant toute la durée de ces malheureux temps, avaient donné des preuves éclatantes d’un désir humble, modeste et désintéressé du bien public, qu’ils avaient mérité qu’on crût généralement à la sincérité des rigides scrupules qu’ils ressentaient contre les ouvrages où les plus nobles sentiments de religion et de vertu… (sentiments qui peuvent convertir des pécheurs endurcis, et ne sont pas déplacés dans la bouche des saints et des martyrs expirants) se trouvaient, en raison de l’époque, mêlés à quelques grosses plaisanteries et autres bagatelles de ce genre qu’on y rencontrait rarement, excepté quand on prenait la peine de les y chercher pour s’en servir ensuite à décrier ce qui cependant méritait les plus grands éloges. Mais ce qu’il désirait principalement que son neveu lui apprît, c’était si ces enthousiastes, qui avaient chassé de leur chaire les savants docteurs et les profonds théologiens de l’Église d’Angleterre, pour prendre leur place, étaient inspirés par les Muses (si toutefois il pouvait se servir d’une expression aussi profane sans offenser le colonel Éverard…), ou s’ils n’étaient assez sots, assez brutes pour faire fi des belles-lettres, comme ils abhorraient l’humanité et le sens commun. »

Le colonel Éverard aurait pu prévoir, par le ton ironique qu’avait pris son oncle, le nuage qui était prêt à éclater ; même il aurait pu juger l’état d’esprit dans lequel se trouvait le vieux chevalier, à son emphase à prononcer le mot colonel, titre qu’il ne donnait jamais à Éverard, à moins d’être en colère, parce que c’était ce qui rattachait le plus son neveu au parti qu’il détestait ; tandis qu’au contraire, lorsqu’il était disposé à le bien accueillir, il l’appelait ordinairement cousin, ou neveu Markham. De fait, ce fut dans la presque certitude qu’il en était ainsi, et dans l’espérance de voir sa cousine Alice, que le colonel s’abstint de répondre à la harangue de son oncle, qui avait fini juste au moment où le vieillard descendait à la porte de la Loge et entrait dans le vestibule suivi de ses deux compagnons.

Phœbé arriva aussitôt dans le vestibule de son côté, et reçut ordre de servir des rafraîchissements à ces messieurs. L’Hébé de Woodstock ne manqua point de reconnaître et de saluer le colonel Éverard, mais d’un geste presque imperceptible. Mais elle se trompa, lorsque, croyant être agréable au vieux chevalier, elle lui demanda comme une chose toute simple, s’il fallait dire à mistress Alice de descendre. Un non bien positif fut la réponse de sir Henri,