Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/293

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui sera nécessaire dans le vestibule. — Ce serait trop d’honneur pour un pauvre page d’essayer une passe d’armes avec un chevalier aussi renommé que sir Henri Lee ; et il aurait désiré en profiter avant son départ de Woodstock ; mais pour le moment sa blessure le fait tant souffrir que cette épreuve tournerait trop à son désavantage. »

Sir Henri Lee proposa alors de lui lire une pièce de Shakspeare, et, à cet effet, il ouvrit le volume de Richard II ; mais à peine eut-il débité :


Un Jean de Gand confédéré,
Lancastre long-temps honoré,


que le jeune homme fut saisi sur-le-champ d’une crampe violente qui lui rendait la promenade absolument nécessaire. En conséquence il demanda la permission de sortir quelques instants dans le cas où sir Henri Lee penserait qu’il pourrait le faire sans danger.

« Je puis répondre de deux ou trois de nos gens qui nous restent encore, dit sir Henri Lee, et je sais que mon fils leur a ordonné d’être constamment aux aguets ; si vous entendez sonner la cloche de la Loge, vous aurez soin de revenir sur-le-champ à la maison, en passant auprès du chêne du Roi que vous voyez dans cette clairière, et qui domine les autres arbres. Nous aurons quelqu’un qui restera en cet endroit pour vous introduire secrètement dans la maison. »

Le page écouta cet avis prudent avec l’impatience d’un écolier qui, désireux de mettre à profit son dimanche, entend sans y faire attention la recommandation de son précepteur ou de son père qui l’engage à ne pas s’échauffer.

Tout ce qui avait rendu l’intérieur de la Loge agréable avait disparu lorsqu’Alice Lee se fut retirée, et le jeune page alerte échappa au plus vite à l’exercice et à la lecture que sir Henri Lee lui avait proposés ; il attacha sa rapière à son côté, prit son manteau, ou plutôt celui qui faisait partie des vêtements qu’il avait empruntés, ayant soin de le relever de manière à se couvrir le visage, et à ne laisser voir que ses yeux. D’ailleurs, c’était la mode à cette époque de porter ainsi son manteau dans les rues, à la campagne, dans les lieux de rassemblement, toutes les fois que l’on voulait marcher tranquille, et s’éviter la peine de répondre aux saluts et aux félicitations. Il traversa l’esplanade qui séparait la Loge du bois avec