Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/282

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bien plus précieuse que nous-mêmes. Permettez-moi de vous le demander : avez-vous bien réfléchi si nous devions laisser notre précieux dépôt faire société avec la famille, ou s’il ne serait pas mieux qu’il habitât quelque coin ignoré du château. — Hum !… Je pense que le plus sûr est qu’il passe toujours pour Louis Kerneguy, et se tienne près de vous. — Je crains qu’il ne soit nécessaire que je fasse une petite excursion au dehors et que je me montre dans quelque partie éloignée du pays, de peur qu’en me venant chercher au château on n’y fasse une prise plus importante. — Je vous en prie, ne m’interrompez pas. Qu’il se tienne près de vous ou de votre père dans l’appartement de Victor Lee, ou aux environs ; vous savez qu’en ces endroits il lui serait facile de s’évader en cas de péril… Voilà ce que je trouve de mieux à faire pour l’instant… J’espère recevoir des nouvelles du vaisseau aujourd’hui… ou demain au plus tard. »

Albert Lee salua l’ecclésiastique actif, mais obstiné, admirant comme ce genre d’intrigue était devenu un élément où le docteur se complaisait, malgré tout ce que les poètes ont dit des horreurs qui assaillent les conspirateurs entre le projet et l’exécution d’un complot.

En sortant de l’appartement du docteur, il rencontra Jocelin qui le cherchait avec inquiétude. « Le jeune Écossais, » dit-il d’un air mystérieux, « s’est levé, et, m’entendant passer, il m’a appelé dans sa chambre. — Bien, répondit Albert, je vais le rejoindre. — Et il m’a demandé du linge et des habits plus propres, ce qui doit vous faire voir, monsieur, qu’il a le ton d’un homme qui est habitué à se faire obéir. Je lui ai donc donné un habillement complet qui se trouvait dans une armoire de la tour de l’est, et, une fois habillé, il m’a commandé de le conduire en présence de sir Henri Lee et de ma jeune maîtresse. Je voulais l’engager à attendre votre retour, mais il m’a tiré tout doucement les cheveux ; car, malgré tout, il est, ma foi, d’une humeur charmante, et m’a dit qu’il était l’hôte de maître Albert Lee et non son prisonnier… et quoique je songeasse bien que vous ne seriez pas content que je le laissasse s’échapper, et peut-être courir les risques d’être aperçu par des gens qui ne doivent pas le voir, que pouvais-je faire ? — Vous êtes un gaillard intelligent, Jocelin ; pénétrez-vous toujours bien de ce qu’on vous recommande. Ce jeune homme, j’en ai peur, n’obéira à personne de nous ; mais il nous faut veiller de près à sa sûreté… Avez-vous toujours l’œil sur cette espèce de prétendu maître-d’hô-