Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/273

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mot ou deux sur de plus sérieuses affaires, et j’aurai fini. J’ai absolument suivi vos conseils et ceux de Rochecliffe… J’ai quitté en un instant mes habits de femme pour reprendre ceux d’homme ; au lieu d’aller droit à Hampshire, je me suis réfugié ici… Croyez-vous encore que ce soit le parti le plus sage ? — J’ai grande confiance dans le docteur Rochecliffe, répliqua Albert ; ses fréquents rapports avec les royalistes errants le mettent à même d’obtenir les renseignements les plus précis. Son orgueil pour l’étendue de ses correspondances et la complication de ses complots et projets pour le service de Votre Majesté, est sa principale nourriture. Mais sa sagacité rachète sa vanité. Je m’en rapporte d’ailleurs complétement à la fidélité de Joliffe, de mon père et de ma sœur ; je ne dirai rien pourtant ; je ne voudrais pas que Votre Majesté se fît reconnaître sans raison au delà de ce qui est indispensablement nécessaire. — Mais est-il bien de ma part de ne pas accorder mon entière confiance à sir Henri Lee ? — Votre Majesté sait dans quel évanouissement il est tombé ce soir, nous le croyions mort. Il faut s’y prendre avec ménagement pour lui apprendre une nouvelle qui l’agiterait bien davantage. — C’est vrai ; mais n’avons-nous pas à craindre une visite des rouges ?… il y en a aussi bien à Woodstock qu’à Oxford. — Le docteur Rochecliffe dit, et avec raison, répondit Lee, qu’il vaut mieux être assis auprès de la cheminée quand elle fume, et que Woodstock, hier en la possession des commissaires au séquestre, et encore entouré de soldats, serait moins suspect et moins sévèrement examiné que des coins plus éloignés qui pourraient sembler promettre plus de sûreté. D’ailleurs, ajouta-t-il, Rochecliffe connaît de curieuses et importantes nouvelles sur l’état des choses à Woodstock, grandement favorables au projet de cacher pendant deux ou trois jours Votre Majesté dans ce palais, jusqu’à ce qu’on ait trouvé un vaisseau prêt à mettre à la voile. Le parlement et le conseil d’État usurpateur avaient envoyé ici des commissaires au séquestre, que les remords de leurs consciences, ainsi que peut-être les mauvais tours de quelques audacieux Cavaliers, ont chassés par effroi de la Loge, sans leur laisser grande envie d’y revenir. Ensuite le plus formidable usurpateur, Cromwell, a délivré un mandat de possession au colonel Éverard, qui ne s’en est servi que pour restituer la Loge à son oncle, et qui veille en personne au petit bourg à ce que sir Henri ne soit pas inquiété. — Quoi ! le colonel de miss Alice, dit le roi… Voilà qui sonne l’alarme, en supposant qu’il tienne les autres drôles en arrêt ; ne pen-