Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/265

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De l’État dirigeant la barque,

S’écriront : Vive Charle et ses vieux compagnons !

Après cette effusion de loyauté et une libation finale, les convives se séparèrent pour la nuit. Sir Henri offrit pour ce soir-là un lit à sa vieille connaissance, Wildrake, qui pesa l’offre de cette façon : « Ma foi, à vrai dire, mon patron va m’attendre au bourg… mais il est habitué à me voir passer les nuits dehors. Ensuite, il y a le diable qui visite, dit-on, Woodstock ; mais, avec la bénédiction de ce révérend docteur, je le défie, lui et toutes ses œuvres. Je ne l’ai pas vu du reste les deux fois que j’ai déjà couché ici, et je suis sûr que, s’il n’y était pas alors, il ne reviendra point avec sir Lee et sa famille. Ainsi, j’accepte votre proposition, sir Henri, et je vous en remercie comme un Cavalier de Lundsford doit remercier un des clercs-soldats d’Oxford. Dieu bénisse le roi ! Peu m’importe qui m’entende, et confusion à Noll et à son nez rouge ! » Il sortit ensuite avec un air arrogant que lui avaient donné ses copieuses libations, conduit par Jocelin, à qui Albert avait préalablement dit bas à l’oreille d’avoir soin de le loger assez loin du reste de la famille.

Le jeune Lee souhaita alors le bonsoir à sa sœur ; et, suivant les habitudes de l’époque, demanda et reçut la bénédiction de son père avec un tendre embrassement. Son page semblait désireux d’imiter en partie son exemple ; mais il fut repoussé par Alice, qui répondit seulement avec politesse au salut dont il l’honora. Il fit ensuite une gauche inclination de tête au père, qui lui souhaita une bonne nuit. « Je suis content de voir, jeune homme, ajouta-t-il, que vous avez du moins appris le respect que l’on doit à la vieillesse. Il faut toujours le lui rendre, monsieur ; parce qu’en agissant ainsi, vous rendrez aux autres l’honneur que vous désirerez vous-même recevoir quand vous serez dans un âge plus avancé. Je m’étendrai davantage, si nous en avons le loisir, sur vos devoirs de page ; car cette place était regardée autrefois comme une école de chevalerie ; au lieu que, depuis peu, grâce à la dépravation du siècle, elle n’est plus devenue qu’une école de désordre et de libertinage ce qui a contraint l’illustre Ben Johnson à s’écrier… — Allons mon père, » dit Albert en l’interrompant, « il faut songer aux fatigues de la journée ; et ce pauvre garçon dort presque debout… Demain matin il sera plus en état de profiter de vos tendres admonitions… Et vous, Louis, rappelez-vous au moins une partie de vos devoirs… Prenez les flambeaux, et éclairez-nous… Voici