Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/251

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demanda sir Henri. — Le fils d’un intime ami, d’un noble lord écossais qui suivit la bannière du grand Montrose, rejoignit ensuite le roi en Écosse, et vint avec nous jusqu’à Worcester. Il fut blessé la veille de la bataille, et me conjura de me charger de ce jeune homme : je promis, un peu malgré moi, mais je ne pouvais refuser à un père, peut-être sur son lit de mort, qui me priait de veiller sur la sûreté d’un fils unique. — Tu aurais mérité la corde si tu avais hésité, dit sir Henri ; le plus petit arbre peut toujours donner quelque ombrage… et j’ai plaisir à penser que la vieille touche de Lee n’est pas tout-à-fait abattue ni réduite à ne pouvoir plus offrir un asile aux malheureux. Va chercher ce jeune homme… il est de noble race, et nous ne sommes pas dans un temps où on doive observer le cérémonial ; il prendra place avec nous à notre table, tout page qu’il est, et si vous ne lui avez pas fait prendre de jolies manières, quelques unes de mes leçons ne lui feront probablement pas de mal. — Vous excuserez son accent national… nasillard, mon père, car vous ne l’aimez pas. — Et j’ai une petite raison pour cela, répondit le chevalier… j’ai une petite raison pour ne pas l’aimer… Qui a commencé ces désunions ? les Écossais. Qui a fortifié le parti du parlement quand sa cause était presque ruinée ? encore les Écossais. Qui a livré le roi, leur compatriote, qui s’était réfugié sous leur protection ? les Écossais encore. Mais le père de ce jeune homme, dis-tu, a combattu sous les drapeaux du noble Montrose ; et un homme tel que le grand marquis peut compenser la dégénération de tout un peuple. — Sans doute, mon père ; et je dois ajouter que ce jeune homme est brusque, capricieux, et, comme vous le verrez, un peu volontaire ; pourtant le roi n’a pas d’ami plus zélé en Angleterre, et quand l’occasion s’est présentée, il s’est battu vaillamment, et aussi pour ses jours… Je m’étonne qu’il ne vienne pas. — Il est au bain, dit Jocelin, et il n’a laissé personne en repos qu’on ne le lui eût préparé… « Le souper, a-t-il dit, se fera pendant ce temps-là. » C’est qu’il commande tout autour de lui, comme s’il était dans le vieux château de son père, où il pourrait bien appeler long-temps, j’imagine, sans que personne fût là pour lui répondre. — Vraiment ! dit sir Henri ; il faut que ce soit un oisillon bien avancé pour chanter si jeune… Quel est son nom ? — Son nom ! dit Albert. Je l’oublie souvent ; il est si dur… attendez… Il s’appelle Kerneguy… Louis Kerneguy ; son père était lord Killstewers de Kincardineshire. — Kerneguy, et Killstewers, et Kin… Comment dites-vous ? Vraiment, dit le chevalier, ces