Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/228

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sein de la sainte Église dont il est l’indigne ministre ; et ni l’effroi des horribles visions qui peuvent apparaître dans ces murs, ni ma connaissance de l’aveuglement et des opinions exaltées de vos parents, comme imbus des doctrines épiscopales, ne m’empêcheront point d’employer mes pauvres talents pour les protéger et même les édifier, s’il est possible. — Je sens toute l’étendue de votre bonté, mon révérend monsieur, dit le colonel Éverard ; mais il n’est nullement probable, je pense, que mon oncle vous dérange pour l’un ou l’autre de ces deux cas. C’est un homme dès long-temps habitué à se défendre lui-même contre le péril temporel, et dans les doutes spirituels, à mettre sa confiance dans ses prières et dans celles de son Église. — Je crois avoir été présomptueux en offrant mon assistance, répliqua le vieillard un peu blessé de ce que l’offre de ses secours spirituels était accueillie avec tant d’indifférence ; je vous demande humblement pardon, je serais bien fâché de paraître présomptueux. »

Le colonel se hâta d’apaiser la nouvelle alarme que donnait au digne homme la vigilante jalousie de son importance, qui, avec une violence naturelle de caractère qu’il ne pouvait pas toujours maîtriser, étaient ses seuls défauts.

Ils étaient donc redevenus amis comme auparavant, lorsque Roger Wildrake revint de la hutte de Jocelin, et dit bas à son ami que son ambassade avait réussi. Le colonel s’adressa alors au ministre et lui annonça que, comme les commissaires avaient quitté Woodstock, et que son oncle sir Henri Lee se proposait de revenir vers midi à la Loge, il l’accompagnerait à la ville, si Sa Révérence y consentait.

« Ne resterez-vous pas, dit le révérend homme, d’une voix qui annonçait comme l’appréhension et la curiosité, pour féliciter vos parents de leur retour dans leur ancienne demeure ? — Non, mon bon ami ; la part que j’ai prise à ces malheureuses querelles, peut-être aussi le mode de culte dans lequel j’ai été élevé, m’ont tellement nui dans l’esprit de mon oncle, que je dois être pour quelque temps étranger à sa famille et à sa maison. — Vraiment ? Je me réjouis de tout mon cœur et de toute mon âme, dit le théologien. Excusez ma franchise… je m’en réjouis fort… parce que j’avais songé… mais peu importe ce à quoi j’avais songé !… je ne voudrais pas vous offenser encore. Vraiment, quoique la jeune fille ait une charmante figure, et que son père, comme on le dit généralement, soit irréprochable ici-bas… pourtant… Mais je vous afflige… Sur