Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/202

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comme tu t’en glorifies, je serais bien fâché de l’exposer aux frayeurs d’une habitation comme Woodstock, où ces démons (je les prie de m’excuser, car je suppose qu’ils entendent toutes nos paroles) ces joyeux diablotins… paraissent tant s’amuser du soir au matin. — Mon cher Wildrake, je crois aussi bien que vous qu’on peut nous entendre causer ; mais peu m’importe, et je n’en dirai pas moins franchement ce que je pense. J’imagine que sir Henri et Alice ne sont pour rien dans ce ridicule complot. Je ne puis concilier ni avec l’orgueil de l’un, ni avec la modestie de l’autre, ni avec le bon sens de tous les deux, qu’aucun motif ait pu les engager dans une si étrange conspiration. Mais les diables sont tous de votre opinion en politique, Wildrake, tous vrais Cavaliers bleus ; et je suis convaincu que sir Henri et Alice Lee, quoique n’étant pas leurs confédérés, n’ont pas le plus léger motif de craindre leurs diaboliques machinations. D’ailleurs, sir Henri et Jocelin doivent connaître tous les coins de ce château, et il sera bien plus difficile de faire jouer contre eux toutes ces machinations que contre des étrangers. Mais mettons-nous à notre toilette, nous chercherons ensuite ce qu’il y a de mieux à faire. — Bah ! mon mauvais habit de puritain ne vaut pas la peine d’être brossé, et avec cette bande de fer rouillée qui pèse au moins cent livres, dont tu m’as fait cadeau pour épée, j’ai plus l’air d’un quaker banqueroutier que de toute autre chose. Mais je vais vous rendre aussi propre que le fut jamais un bredouilleur de votre parti. »

À ces mots il se mit à fredonner l’air des Cavaliers :

Des longs tissus de l’araignée
Bien que White-Hall soit couvert,
Un jour l’Écosse résignée

Verra de nouveau Jacque à ses regards offert.

« Tu oublies ceux qui sont dehors ? lui dit le colonel. — Non, je songe à ceux qui sont en dedans. Je ne chante que pour mes joyeux diablotins qui m’en aimeront tous davantage. Allons, Mark, les diables sont mes bonos socios, et quand j’en verrai, j’espère qu’ils se montreront aussi bons enfants que je les ai connus quand je servais sous Lunsford et Goring, gaillards à longues griffes qui ne manquent rien, à estomacs sans fond que rien n’emplit, enragés à piller, à jaser, à boire, à se battre… dormant d’un profond sommeil dans les tranchées, et mourant bravement dans leurs boîtes. Ah ! ces joyeux jours sont passés ! Maintenant, c’est la mode parmi les Cavaliers d’avoir l’air grave ; et surtout les curés qui ont perdu